Livre du 100e anniversaire en 1948

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Livre du centenaire (1848-1948)

N.B. Seul les textes qui sont différents et nouveaux de celle du livre de Charles-Édouard Mailhot ont été retenus pour éviter le dédoublement des informations.

 

Livre du Centenaire de Princeville  (1848-1948) (05-FGN-005)

 

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Un brin de petite Histoire (G. P. Nadeau)

On sait que le couvent actuel des RR. SS. de l'Assomption ne fut pas construit à cette fin, mais bien pour un Collège Commercial. L'érection débuta en 1862, l'instruction en fut confiée aux prêtres du Séminaire de Nicolet et ce fut l'abbé J. A. Ir. Douville (plus tard Mgr) qui en fut le premier directeur. Le Collège cessa ses activités dès 1871 et l'immeuble passa, comme prêt, aux mains des laïques qui le transformèrent en "Manufacture de chaussures". Cette industrie eut une existence plutôt éphémère, de même que la "tannerie" qui la remplaça, puisque, en 1880, le Conseil de Princeville vendit cette bâtisse à M. P. H. Matte, qui la céda, en 1884, à la Fabrique de St-Eusèbe, qui en fit un Couvent sous la direction des RR. SS. de l'Assomption. Celles-ci l'achetèrent en 1886.

 

Or, parmi le groupe de 140 élèves qui firent leur entrée à l'ouverture du nouveau Collège, on re­marquait le nom de Georges Philias Nadeau, âgé de 10 ans, fils de Georges Nadeau, de St-Georges de Beauce. Celui-ci vint d'ailleurs s'établir ici la même année, comme ferblantier et acquit la pro­priété occupée aujourd'hui par M. l'agronome Gérard Labissonnière. Il y pratiqua son métier jusqu'à un âge avancé et eut 5 enfants: 3 garçons et 2 filles. Les 2 aînés des fils émigrèrent tôt aux Etats-Unis (Auburn). Des 2 filles, l'une entra chez les Soeurs à Longue Pointe, et la seconde maria un M. Jos. Blais.

Le cinquième enfant de Georges Nadeau était "Georges. Philias Nadeau", plus connu sous les abréviations de "G.-P. NADEAU", qui, après ses études terminées au Collège, fit son apprentissage en télégraphie à la gare locale, puis devint opéra­teur à St-Agapit, où il se maria à MARIE-ANNA ROBERGE. De là il fut promu à Warwick et, enfin à Princeville, comme chef de gare.

C'est alors que débuta, pour G.-P. NADEAU, la partie de sa vie la plus critique. En effet, il mena de front ses obligations "ferroviaires" et un gros commerce de bois. Il réussit au point que ses succès portèrent envie et jalousie à "Certains" de ses concitoyens qui le dénoncèrent aux autorités du "Grand Tronc", de sorte que ceux-ci l'invi­tèrent à cesser son commerce.

G. P. Nadeau préféra laisser son emploi au chemin de fer pour continuer et augmenter ses affaires personnelles. Il déménagea de la gare dans une maison sise sur le terrain de la de­demeure actuelle de G.-E. Nadeau (dans la rue St-Georges). Peu après, le feu rasa tout, obligeant tous les membres de la famille à se sauver en vêtements de nuit (Paraît-­il qu'à cette occasion les gens de Princeville mani­festèrent une grande sympathie). Force fut donc, cette fois, non de déménager, mais "d'emménager" d'abord la maison occupée aujourd'hui par M. N. Leblanc, puis ensuite dans une maison sise sur l'emplacement de la demeure de M. D. R. Nadeau, présentement.

Au lieu de se laisser abattre par cette épreuve, G.-P. NADEAU fit preuve de courage et de vo­lonté en bâtissant la résidence-magasin, avec dépendances appartenant aujourd'hui à la coopé­rative "L'IDEAL" qu'il occupa en 1894. Il acheta ensuite, en compagnie de L.-N. Boisclair, plusieurs limites à bois dans les cantons de Stanfold, Som­merset et Wolfe, ainsi, qu'un "moulin à scie" situé non loin du pont du chemin de fer, dans le 11ème rang, y ajouta un moulin à bardeau, à lattes, etc., et construisit une voie d'évitement pour les chars. Il fut un temps, aussi, propriétaire d'une "tan­nerie" sise sur le site actuel de l'Abattoir Coopé­ratif de Princeville et du "moulin à farine", pro­priété de M. Edmond Girouard aujourd'hui.

En même temps, il employait un nombre con­sidérable de gens à la coupe du bois à Stanfold et dans Wolfe. Le charroyage du bois local se faisait par traction animale nécessitant jusqu'à 75 à 100 paires de chevaux, tandis que le transport du bois coupé à St-Fortunat se faisait par flottage, au printemps sur la Rivière Nicolet (du Loup) et ses tributaires jusqu'au "moulin à scie" de NADEAU & BOISCLAIR, au 11ème rang. Et c'est ainsi, qu'autrefois et ce, durant quelque 20 ans, on faisait "la drave" dans notre beau coin de Stanfold.

G. P. NADEAU ne se contentait pas de cela, il achetait aussi le bois des environs, soit de St­-Rosaire, de Bulstrode, de Ste-Anne, de Rivière-­Sauvage, etc., où il entretenait de grandes "cours à bois". Bien plus, il achetait ainsi tout le long de la voie du "Grand-Tronc", de Richmond à Rivière du Loup.

Tout ceci ne se fit pas sans quelques revers, et c'est ainsi qu'on cite, particulièrement, le "Grand feu de forêt" de 1903, alors qu'il perdit, en quel­ques jours, plusieurs milliers de cordes de bois et une grande étendue de forêt.

Toutes ces activités et ces épreuves minèrent vite sa santé et G.-P. NADEAU, aux oeuvres mul­tiples, dut, encore jeune, déposer les armes pour les remettre en des mains plus jeunes. Et c'est ainsi que le 8 novembre 1906, à l'âge de moins de 53 ans, s'éteignit doucement, après une longue et douloureuse maladie, soufferte avec une grande résignation, celui qui fut, au dire de ses contem­porains, l'homme d'affaire le plus considéré, le plus honnête et un des plus en vue de notre région, laissant sa femme et 17 enfants vivants.

 

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De cette famille, 13 sont encore vivants, soit 8 garçons et 5 filles. Après sa mort, ce fut son fils aîné, quelque peu initié déjà aux affaires, qui hérita de la lourde gérance de la succession, et ce fut, sous son administration, en 1913, que fut bâtie la "Manufacture de Chaises de Stanfold", qui fut vendue, il y a quelque 10 ans, à Monsieur Lionel Baril, et qui est devenue depuis la "Princeville Furniture Limited".

Georges-Etienne Nadeau est aujourd'hui retiré des affaires; le second fils de G.-P. NADEAU est régistrateur pour Arthabaska; Louis-Emile est fier de son domaine en Abitibi; Albert est manufacturier et importateur à Québec; Paul Nadeau est médecin à Prin­ceville même; René Nadeau s'occupe de comptabilité à Montréal; Roger Nadeau pratique la médecine à Rich­mond, et Sarto Nadeau est chimiste et Surintendant d'une subsidiaire de l'Imperial Oil à Toronto.

L'aînée des filles, Antoinette Nadeau, est mariée au Dr Roger, de Plessisville; Bernadette Nadeau, aussi de Ples­sisville, est l'épouse de J.-E. Lacerte, retiré des affaires; Honorine Nadeau demeure à Québec et son mari, J.-P. Gastonguay, est arpenteur; Cécile Nadeau est la femme de A. Sévigny, chef du bureau d'express de Plessisville, et enfin Thérèse Nadeau est mariée à Faber Pidgeon, comptable de Québec.

 

L'épouse de M. G.-P. NADEAU, mère de cette grande famille, se nommait Marie-Anna Roberge, née à St-Nicolas, elle se maria à 18 ans et eut 19 enfants. Elle mourut en 1946, regrettée de tous et laissant 13 enfants vivants, au-delà de 60 petits­ enfants et plus de 20 arrière-petits-enfants. Elle vécut nécessairement plutôt effacée à cause de sa nombreuse famille, mais seconda bien son époux durant les 27 ans de leur vie conjugale, et s'occupa toujours d'oeuvres sociales et charitables surtout durant les 30 dernières années de sa vie. Aussi le Pape lui accorda-t-il la médaille très méritante et si recherchée de "BENE MERENTI".

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Origine de la famille Lacoursière au Canada

Le nom patronymique de la souche ancestrale des Lacoursière, provient de la France. Nicolas Lacoursière, Sieur de Lavigne et Capitaine de milice, était tourouvrain d'origine. Ce chef-lieu de canton fut remarquable par ses scieries. Bien que déjà avancé en âge, Nicolas ne craignit point de franchir les mers et vint s'établir à Batiscan, comté de Champlain, où il rendit l'âme le 1er juillet 1701.

Il nous suffit de mentionner l'une des premières racines de ce grand arbre généalogique pour ne s'attarder qu'aux trois dernières ramifications.

Manufacture de bois a plancher de Princeville

L'industrie du bois à plancher de Princeville connaît maintenant trois générations. Comme toutes les autres entreprises de conséquence, elle débuta modestement par une scierie assez rudi­mentaire, propriété de Joseph Lacoursière. En mourant, celui-ci la légua à son fils Wilfrid qui vit le jour, le 6 août 1885, à Saint-Louis de Blandford.

Toute affaire rétribue selon l'énergie et la vigi­lance que l'on met à l'exploiter. Aussi, cet indus­triel avantageusement connu, accentua le travail de la production, si bien qu'il atteignit l'idéal de ses rêves: en 1920, se construisait à Princeville la manufacture désignée sous la raison sociale: "Manufacture de Bois à Plancher Enrg."

M. W. Lacoursière possédait des qualités exceptionnelles et indispensables aux entreprises de valeur. A la fermeté de caractère et à la bonté, il unissait le talent inné de la profession, vertus essentielles pour s'attirer la considération, l'estime et la confiance de ses subalternes. Son esprit fécond lui permettait de créer, d'améliorer et de se rendre compte des progrès du temps, pour l'appliquer à son oeuvre. Ajoutons que la compétence administrative de sa digne épouse le secon­dait efficacement dans le rouage des affaires. A peine voyait-il la réalisation de ses espérances qu'une maladie incurable l'arracha du sein de sa famille éplorée. Il mourut à 55 ans, le 13 mai 1941, avec la consolation de laisser à ses descendants une oeuvre prospère.

A cet homme de mérite on pourrait appliquer le sentiment qu'exprimait un jour Pasteur: "Que nos enfants aient été plus ou moins favorisés par la vie, il faut, quand on approche du terme, être en droit de se dire: "J'ai fait ce que j'ai pu".

Hélas, une nouvelle épreuve devait frapper cruellement ce foyer encore tout empreint de deuil. Le feu réduisit en cendre la majeure partie de l'établissement, le 5 juillet 1944.

Depuis sa reconstruction, il n'a cessé d'étendre sa renommée dans tout le pays, voire même à l'extérieur. Cette industrie occupe journellement une soixantaine d'ouvriers. Pour s'alimenter, du moins en partie, elle emploie dans une scierie annexe, une équipe de vingt hommes, six mois par année.

Aujourd'hui la manufacture demeure la pro­priété de Madame W. Lacoursière. Expérimentée dans ce commerce, elle surveille les travaux et assume toute la responsabilité avec le généreux concours de sa fille et de ses quatre fils.

 

 

 

 

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Un   matin clair

Pour réaliser cette oeuvre, M. l'abbé Baillar­geon, curé à Stanfold depuis 1874, eut de sérieux obstacles à vaincre. Homme d'action, ce prêtre zélé était de taille à affronter et à surmonter les difficultés. Il savait par expérience qu'avec du travail, de l'énergie et de la persévérance on peut opérer des merveilles.

Dans les vacances de 1881, le révérend M. Baillargeon invitait Mère Saint-Joseph, supé­rieure générale et fondatrice des Soeurs de l'As­somption de la Sainte-Vierge, à visiter une spa­cieuse maison de pierre bâtie d'abord pour un col­lège et que l'on projetait d'acheter pour un cou­vent. Le Conseil général, après le rapport fait par les deux visiteuses déléguées, accepta la fonda­tion, mais lorsque l'achat serait conclu et la dite maison convenable pour recevoir des religieuses.

La santé chancelante de M. le Curé ne lui per­mit pas de s'occuper activement de l'affaire. Enfin, le 7 juillet 1884, le dévoué pasteur fit de nouvelles instances auprès de la Communauté pour obtenir des Soeurs. Le 4 août la proposition fut acceptée, et il fut décidé que les professeurs habiteraient l'école du village à la condition que la paroisse bâtirait un couvent dans l'année. Nous citons textuellement la lettre que M. l'abbé Baillargeon écrivait en cette circonstance: Stanfold, le 6 août 1884. Ma Soeur,

J'ai reçu ce matin la lettre m'apportant la bonne nouvelle que j'attendais avec anxiété de­puis mercredi dernier. Maintenant je vais orga­niser, comme je l'ai fait aux Trois-Rivières, une association de Dames charitables, et j'espère que la maison sera pourvue à temps selon votre désir.

Tout le monde dans mon village est dans la jubilation.

Votre humble serviteur

C.-F. BAILLARGEON, ptre, curé.

Le 27 août de la même année, les désirs du di­gne prêtre était réalisés. Quatre religieuses: Soeur Sainte-Marie, Soeur Sainte-Chantal, Soeur Sainte-­Eulalie et Soeur Saint-Maurice descendaient à 10 heures du soir à la gare de Stanfold où bon nom­bre de personnes les attendaient.

C'est un tableau bien impressionnant et bien suggestif que celui de l'arrivée des religieuses. Les fondatrices furent saluées, "comme porteuses, non de la richesse du monde, mais du précieux trésor de la vérité à transmettre à la jeunesse." Les Soeurs furent conduites à l'école où les da­mes leur avaient préparé des pièces convenables.

Le lundi suivant, 2 septembre, les classes fu­rent ouvertes. Dès les premiers jours, la maison fut remplie, et l'exiguïté du local obligea la Com­munauté à demander un agrandissement. Mes­sieurs les Commissaires, persuadés de la justesse des représentations, louèrent une maison très rap­prochée de la résidence des Soeurs où les garçons furent, le 15 septembre, placés pour suivre les classes.

 

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Si humble que fut le début de cette première année, la vie simple et laborieuse des ouvrières mérite d'être inscrite au livre d'or du bon Maître.

"C'est dans le travail et la prière que s'édi­fient les grandes oeuvres," aussi dès le mois d'août 1885, la petite communauté s'installait définitive­ment dans la tannerie transformée en couvent.

Pour cette même année le nombre des reli­gieuses fut porté à six.

Le 8 septembre, le vaste édifice de pierre re­çoit son premier groupe de filles. 38 élèves s'ins­crivent au Pensionnat. (Ch.ED.Mailhot)

 C'est le triomphe discret et bienfaisant de la charité et de l'abnégation.

La généreuse population de Princeville assis­tait, le 30 novembre suivant, à la première messe dite dans notre chapelle. Dans l'après-midi, M. l'abbé Baillargeon érigeait le Chemin de la Croix. Le 2 février 1886 apportait aux religieuses la joie suprême de garder continuellement le Saint-Sacrement. Sous les regards du Dieu bon qui compte les dévouements et les sacrifices, les religieuses poursuivent l'oeuvre si bien commen­cée.

Cependant si riche était le sol où tombait la semence des dévoués professeurs que bientôt le champ, à peine ouvert, se couvrait de la plus con­solante moisson. De ces premières élèves qui fi­rent goûter à leurs maîtresses les plus douces joies, plusieurs se consacrèrent au Seigneur dans la vie religieuse.

Le 14 novembre 1895, les élèves externes quit­tent la première école pour habiter une grande maison à deux étages. (Ch.ED.Mailhot)

Consolante à tant de titres, l'étape dont nous traçons le plan, se termine par un deuil cruel. Le 3 juin 1901, Dieu rappelait à lui le vénérable M. l'abbé Baillargeon. Notre religieuse gratitude ne saurait oublier ce prêtre qui présida à l'apostolat des religieuses. Il est un de ceux dont la mémoire vivra toujours.

Les ans ont passé depuis ces jours... Déjà l'heure de la récompense a sonné pour ces géné­reux ouvriers des premières années. Là-haut com­me ils doivent se pencher avec bonheur, en cette fête centenaire, pour contempler l'oeuvre réalisée.

Un midi superbe

L'oeuvre de l'éducation de la jeunesse de Stan­fold est maintenant bien vivante, bien organisée. La survie apparaît dans toute sa splendeur à la génération montante.

Si le courage des missionnaires de la première heure fut celui des tâches angoissantes, il était ré­servé à celles qui leur succéderaient de donner, sous la poussée des événements, une expansion heureuse.

Un développement très rapide s'opère en quelques années: fécondité intarissable des oeu­vres fortes. En 1909, un agrandissement s'impose. (Ch.ED.Mailhot)

Dieu seul sait ce qu'il en coûta de soucis, d'inquiétudes, de ressources pécuniaires pour ajouter un étage à notre couvent. Les travaux se prolon­gèrent plusieurs mois. De généreux bienfaiteurs se succèdent pendant cette année et s'offrent à nous comme l'image discrète de la Providence.

 

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Dans ce déploiement de zèle s'intercale une date joyeuse. M. l'abbé Edouard Baril, curé de Stanfold et aumônier de la Maison Mère des Soeurs de l'Assomption de la S. V. de 1904 à 1907, célèbre le 20 décembre son jubilé sacerdotal. Nous nous unissons à la joie commune des paroissiens et nous remercions Dieu d'avoir sus­cité à l'heure propice des hommes au coeur noble et magnanime capables de tous les sacrifices. Vénérable prêtre de la sainte Eglise, votre mission est belle et vos oeuvres admirables. Repo­sez-vous maintenant, vous avez été le bon ouvrier de l'Evangile.

Ne convient-il pas de louer ici, en quelques lignes, des noms immortels qui ont marqué nos activités d'une décisive empreinte? Ils ont droit à notre reconnaissance.

C'est Monsieur l'abbé O. Papillon qui chargé de travail et des sollicitudes de la paroisse, nous prodigue un intérêt aussi parternel qu'efficace de 1916 à 1924.

Et depuis, c'est Mgr Poirier. A une bonté d'âme incomparable, à un savoir profond, il joint une rare expérience qu'enrichit encore une abon­dance de lumières spirituelles. Sa promotion à la prélature en 1942, en même temps qu'elle nous réjouit, est la juste récompense de ses mérites. Toute la jeunesse écolière qu'il a soutenue et en­couragée, sait que "s'il est bon de le connaître, il est encore meilleur de l'approcher."

L'année 1929 enregistre une date mémorable dans nos chroniques: la fondation de l'Amicale. 182 membres s'inscrivent. (Ch.ED.Mailhot)

Toutes partent enchan­tées et promettent fidélité à leur devise "Parva magnifice". Cette première rencontre des ancien­nes élèves et des maîtresses est fort goûtée.

Le 3 juillet 1934 est une fête d'or. Le souvenir et la reconnaissances ramènent à leur Alma Mater un grand nombre de maîtresses et d'élèves. (Ch.ED.Mailhot)

La présence de son Excellence Mgr J. S. H. Brunault, évêque de Nicolet, donne à cette fête jubilaire un caractère de particulière grandeur. Le banquet donné à l'Hôtel de Ville réunit près de 300 con­vives.

Le siècle s'avance et les oeuvres toujours pro­gressent et se multiplient. Les Mouvements d'Ac­tion Catholique prennent naissance et contribuent

à former des chrétiennes, vaillantes et convain­cues.

Fécondité  d'une   moisson  centenaire

Élèves qui ont fréquenté le Pensionnat .......... 4475

Elèves inscrites dans le régistre

de congréganistes :

Enfants de Marie ........................................ 872

Anges Gardiens .......................................... 328

Enfants Jésus .............................................. 191

Diplômes obtenus au Pensionnat :

          Bureau Central -

     Cours académique ............... .........................       4

     Cours modèle ................................................ 53

     Cours élémentaire ....... ..............................   125

Université Laval -

        Classe d'Immatriculation ..........................           2

        Cours supérieur ............................................ 17

        Cours moyen ......................... ......................150

        Cours élémentaire ........................... ...... ...... 35

Diplômes et Certificats de musique ..................        77

Diplômes de dactylographie ..................................   95

Diplômes de sténographie ....................................   41

Diplômes d'Agriculture de l'U.C.C.

à l'Externat ......................................... ..........      140

 

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Au soir d'un siècle

Si notre couvent s'élève aujourd'hui avec tant de force et de beauté, c'est qu'il repose sur le so­lide fondement du courage des fondateurs. Ils eurent l'audace des grands désirs, et ils nous ap­paraissent, après un siècle, comme une vision d'hé­roïsme. Ils eurent également l'honneur du com­bat, leur coeur a vibré à tous les dévouements et leur intelligence s'est trouvée à la hauteur des oeuvres entreprises.

A tous ceux qui ont contribué à notre déve­loppement, toute l'admiration de notre famille re­ligieuse.

Forte d'un passé couronné par la bénédiction divine, dans le même Dieu qui a glorifié ses hum­bles travaux la Communauté des Soeurs de l'As­somption de la S. V. de Princeville forme l'espoir de poursuivre avec honneur et zèle sa mission de charité apostolique, et, pour le bien réalisé depuis un siècle, elle entonne son Te Deum d'action de grâces.

École du Sacré-Coeur de Princeville

Les Frères du Sacré-Coeur arrivèrent le 14 septembre 1946.

Les Frères Rosaire, directeur, Lucius, Louis­-Edmond et Félix-Antoine prirent la direction des garçons, de la troisième à la neuvième année, le 16 septembre.

Des classes furent aménagées provisoirement à l'hôtel de ville. L'inscription pour l'année sco­laire 1946-47 fut de 112 élèves.

Le besoin d'une école pour les garçons deve­nant urgent, la Commission scolaire de Prince­ville, clairvoyante et soucieuse de l'avenir des jeu­nes, vient de faire construire un collège de huit classes, répondant à toutes les exigences moder­nes. L'ameublement, le confort, l'éclairage, rien n'a été épargné pour en faire une institution mo­dèle. Les Frères et leurs élèves prirent possession de cette nouvelle école le 21 novembre 1947.

Grâce à d'insignes bienfaiteurs et bienfaitri­ces, grâce à la générosité des paroissiens de Prin­ceville, une magnifique chapelle a été installée dans une classe que MM. les Commissaires cédè­rent gracieusement à cet effet. Mgr J.-S. Poirier, P.D., curé y a célébré la première messe le 19 janvier 1948.

L'École du Sacré-Coeur a été bénite par Son Excellence Mgr Albini Lafortune, évêque de Ni­colet, le 28 février 1948.

Le lendemain de cette bénédiction eut lieu la cérémonie fort impressionnante de l'intronisation du Sacré-Coeur dans l'école par Mgr J.-S. Poirier, P.D., curé.

Etaient présents: M. Lionel Baril, président de la Commission scolaire de Princeville, M. Wilfrid Labbé, préfet du comté d'Arthabaska, M. le no­taire B. Feeney, maire, M. J.-H. Bessette, inspec­teur régional des écoles, Messieurs les Commis­saires, plusieurs bienfaiteurs et bienfaitrices, les parents des élèves ainsi que tout le personnel de l'institution.

L'École du Sacré-Coeur compte aujourd'hui 130 élèves répartis en cinq classes, de la troisième à la neuvième année.

 

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Organisationdes Fêtes

COMITE CENTRAL

MM. Emile GAGNON, président

Alphonse BAILLARGEON, Vice-président

Albert LEHOUX, Trésorier

Maurice COTE, ptre, Secrétaire

Gérard RAYMOND, Directeur

G.-A. BEAUCHESNE, Directeur

Arthur ALLARD, Directeur

Comité DE RECEPTION

MM. Lionel BARIL,

Paul NADEAU, M.D.

Arthur BOUCHER

Arthur MORISSETTE

Alphonse ROY

 

COMITE RELIGIEUX

MM. Maurice COTE,

ptre F.-X. POISSON

Frère ROSAIRE, s.c.

Emery LEBLANC

G.-E. NADEAU

 

COMITE DU DÉFILÉ & CHARS ALLEGORIQUES

MM. Laurent LACOURSIERE

Marc CHARPENTIER

Donat GAGNON

Arthur BOUCHER

Rosaire LEGARE

Ludovic BARIL

Donat DAIGLE

Roland DUSSEAULT

 

COMITE DES VENTES

Programmes et insignes

 Mmes F.-X. POISSON

Wilfrid LACOURSIERE

Paul M. NADEAU

Arthur BOUCHER

Arthur FRECHETTE

Alphonse ROY

 

COMITE DES DIVERTISSEMENTS

MM. Jean-Ls ST-HILAIRE, M.D.

Gérard LABISSONNIERE

Roland HOULE

Edmond BERGERON

Charles MARTIN

 

COMITE: JOURNÉE DES ENFANTS

 MM. Clément POISSON

FRERES DU SACRE-COEUR

Gérard LABISSONNIERE

René LAFLAMME

Patrick RAMSAY

 

COMITE DU PARC DU CENTENAIRE

MM. Sarto BARIL

Paul LACOURSIERE

Donat DESHARNAIS

Oliva GAGNE

J.-Paul ROUSSEAU

Henri PAQUIN

Omer RAYMOND

COMITE DES DÉCORATIONS

MM. Antonio ALLARD

Roger BARIL

Armand GIROUARD

Roger PELCHAT

Jacques PELLERIN

COMTTÉ DU FEU D'ARTIFICE

MM. Achille POISSON

Henri CROTEAU

 

COMITE DES CONCERTS

MM. Donat LACOURSIERE

Gaston BOUCHER

 

COMITE D'ORDRE

MM. Pat CARRIERE

Marie-Georges PELLERIN

Lucien ROCHETTE

Adélard JACQUES

 

COMITE DU PAGEANT

MM. Maurice COTE, ptre

Clément POISSON

Georges NADEAU

Jacques THIBOUTOT

Arthur MARTIN

Thérèse BAILLARGEON

Madeleine CAOUETTE

Gabrielle NADEAU

COMITE DU RAVITAILLEMENT

MM. Albert BOUFFARD

Louis CROTEAU

Raymond LUNEAU

 

N.B. Cette section existe aussi dans le livre de Charles-Édouard Mailhot, mais comme elle est mieux synthétisé ici, alors elle a été retenu. (P.57 à 91)

P.57

USAGES et COUTUMES A l'époque où vécurent les premiers défricheurs des Bois-Francs (1825-1850)

d'après M. P.-H. St-Germain, auteur du volume intitulé "Charles Héon"

En mil huit cent vingt-cinq, il n'y avait de colo­nisée, (dans ce que de nos jours nous appelons la Province de Québec, et qui était connue alors sous le nom de Bas-Canada), qu'une lisière de terrain, bordant le fleuve Saint-Laurent, de six lieues ou à peu de chose près de largeur, connue sous les noms de Seigneuries et Fiefs; au delà de ces six lieues les terres étaient la propriété de la Cou­ronne, ou appartenaient à des grands propriétai­res, et étaient connues sous le nom de Townships ou Cantons.

 

Il n'y avait, dans tout ce qui constitue les comtés de Mégantic, Arthabaska, la plus grande partie des comtés de Drummond, Bagot, Shefford, Rich­mond, Wolfe, pas un seul habitant, et la plus grande partie de cet immense territoire n'était connue que par les sauvages, qui y faisaient de courtes visites de chasse, suivant toujours ou à peu près, les rivières et les cours d'eau.

Il n'y avait, en mil huit cent vingt-cinq, qu'un seul siège épiscopal, Québec; il n'y avait qu'un seul évêque pour tout le Bas-Canada, qui ne comptait alors que deux cent trente paroisses organisées. Sa Grandeur Monseigneur l'Evêque de Québec ne visitait son immense diocèse, dans cha­cune des paroisses, qu'une seule fois tous les sept ans.

Les Townships étaient, pour le plus grand nom­bre, arpentés et divisés tels qu'ils le sont aujour­d'hui. Une grande quantité de lots de terre avaient été donnés à des particuliers en reconnaissance de services rendus; plusieurs Canadiens français avaient été récompensé de leurs services dans la guerre de mil huit cent douze et mil huit cent treize (1812-1813) par des octrois de terre, qui étaient connus sous le nom de Script.

En mil huit cent vingt-cinq (1825), on peut dire avec raison que les Townships de l'Est n'étaient pas connus, ou s'ils l'étaient, ce n'était que par les sauvages, ou par quelques coureurs de bois, fai­sant quelques billots ou bois de mâture, qu'ils prenaient sur les bords des rivières St-François, Nicolet et Bécancour.

On parle de gens ayant fait d'assez grandes quantités de mâts, de plançons et billots, sans le secours d'aucune bête de trait; on ne prenait que les arbres qui se trouvaient sur le bord de la rivière, et la quantité ne faisait jamais défaut.

Vers mil huit cent quinze ou vingt, le Major Caldwell avait construit, sur l'Ile Montesson, à l'embouchure de la rivière Bécancour, un moulin à scie dont on voyait encore, il y a quelques an­nées, les fondations en pierre; il ne fut en opéra­tion que durant quelques années, M. Caldwell ayant transporté son moulin près de la rivière Chaudière, dans la Beauce.

Dans le temps que je cite, on ne passait pas la chûte de la rivière Bécancour pour faire le bois; on se contentait de travailler dans les parties ouest des cantons de Bulstrode, Aston et Madding­ton; plus haut que le Sault Blanc, c'était l'inconnu.

Les Sauvages Abénakis faisaient la chasse tous les ans et lorsque les blancs approchaient, ils avaient soin d'enlever tout ce qu'il y avait de gibiers; de fait lorsque les blancs firent leur appa­rition, il ne restait pas un seul castor, tous avaient été détruits; il ne restait que les chaussées comme preuve de l'habitation de ces rongeurs dans cette partie du pays.

A cette époque, le Bas-Canada était un pays agricole dans toute l'acceptation du mot; il n'y avait pas, comme de nos jours, des industries établies dans les villes et les villages. Les jeunes gens n'avaient point d'autres carrières que les chantiers et le service chez les cultivateurs, com­me garçons de ferme.

Tous ces emplois étaient payés à de bien petits salaires. Un bon serviteur, homme à tout faire, était payé quarante piastres par année, ou qua­rante sous par jour; à ces prix, les serviteurs étaient nourris, blanchis, raccommodés, mais aussi ils étaient regardés comme faisant partie de la famille, et on avait pour eux une certaine consi­dération qui valait bien quelque chose; souvent ils étaient admis dans les conseils de la famille, en ce qui regardait l'administration de la ferme.

A cette époque là, l'administration d'une ferme n'était pas ce qu'elle est de nos jours: on ne parlait pas de travail mécanique; tout était fait à force de bras, les labours, le hersage, la semence, la coupe de foins, la récolte des grains, le râtelage, le battage, le criblage ou nettoyage des grains, le sciage du bois. Voilà pour les ouvrages des hom­mes. Quant à ce qui regardait la femme de mé­nage, sur une ferme, elle n'était pas mieux par­tagée.

On cultivait le lin: il fallait l'arracher de terre, le brayer, l'écocher, le peigner, et, par-dessus tout, le tisser pour en faire la toile, la fameuse toile du

 

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pays; on filait le fil à coudre, très fin et bien blanc, on tondait les moutons, on lavait la laine, on la détirait, on la cardait à la maison, on la filait et puis on faisait cette belle grosse étoffe bleue, dont on confectionnait toujours à la maison, ces fameux capots à capuchon; on fabriquait aussi la belle étoffe grise pour les bougrines, les culottes à bavaroises, les vestes à manche, les nippes, les mitaines; on faisait aussi la flanelle pour les che­mises, la petite étoffe et le droguet pour vêtir la mère et les filles de la maison; on tricotait les bas, les chaussons, les mitaines, les crémones, les capu­chons, les fameux grands bas, que l'on faisait reclaquer en cuir par le cordonnier, pour le grand­-père.

On faisait les coiffures pour les hommes et les garçons; c'étaient des tuques pour la saison d'hiver et le chapeau de paille pour l'été; quelque­-fois on faisait ces chapeaux avec du fin foin, ce qui faisait une coiffure très légère et très jolie.

On faisait aussi à la maison les chaussures en cuir rouge, cousues avec de la babiche de peau de chat. Ces souliers de boeuf avaient des hausses en peau de veau ou de mouton, que l'on ramenait sur le bas du pantalon replié. C'était une très bonne chaussure. Beaucoup de cultivateurs ne portaient pas d'autres souliers; on ne faisait tra­vailler le cordonnier que rarement; il fallait que ce fût un dépensier, un très fier et orgueilleux, pour se servir de chaussures dites françaises, les jours de semaine. Les jeunes filles avaient des bottines faites par le cordonnier, et dont elles ne se servaient que les jours de fête. Bien souvent il arrivait que pour garder ces chaussures en bon état, si on était obligé d'aller à l'église à pied, on allait pieds nus ou avec ses souliers de boeuf, jus­qu'aux premières maisons du village, et là on chaussait sa bottine, que l'on avait eu soin de noircir avant le départ; pour le retour à la maison, on avait la précaution de changer de chaussures pour reprendre ses souliers de boeuf qu'on avait laissés sous la clôture.

L'ouvrage ne manquait jamais; tout se faisait à la maison. Quelquefois on se rassemblait plusieurs voisins, pour faire ce qu'on appelait un Bis. On faisait de ces Bis pour divers ouvrages qui requé­raient plusieurs bras: soit pour fouler l'étoffe qui, en sortant du métier, des mains de la tisserande n'avait pas une épaisseur suffisante pour la rendre chaude. Pour lui donner une densité convenable, on la passait au foulon.

Ce foulage d'étoffe n'était pas une petite affaire. On se procurait d'abord une grande auge faite tout exprès que l'on emplissait d'eau bien chaude avec beaucoup de savon, et on déposait dans cette eau l'étoffe que l'on voulait fouler, et on procé­dait à l'opération. Quatre hommes, munis de fou­lons en bois franc, bien faits et bien unis pour ne pas déchirer l'étoffe, se mettant à deux à chacun des bouts de l'auge, frappaient en cadence régu­lière sur l'étoffe, tandis qu'un cinquième restait au milieu, armé d'une petite massue en bois, frappant de son côté, de manière à tenir l'étoffe en place.

Ce foulage ne se faisait jamais sans être accom­pagné de chant, de manière à ce que l'ouvrage se fit bien. Quand il n'y avait pas de chant, on disait que c'était plus fatiguant, et que l'étoffe ne se foulait pas également. On avait des chansons pour la circonstance. La chanson qui avait le plus de vogue et qui était la plus aimée était:

"C'est la Belle Françoise Qui veut se marier."

On faisait aussi des Bis pour le broyage du lin. Ce broyage de lin se faisait par les femmes et les jeunes filles; quelquefois aussi on invitait pour faire l'ouvrage le plus fatiguant et qui exigeait de la force musculaire (comme l'écrasée des poi­gnées de lin), quelques jeunes garçons, qui se

 

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faisaient un plaisir, un honneur, de prêter le se­cours de leur bras nerveux à celles que, bien sou­vent, ils avaient désiré rencontrer; aussi, il ne se passait pas un seul rassemblement de cette nature, que l'on disait, la semaine suivante, que un tel et une telle s'étaient promis l'un à l'autre au Bis chez tel ami, et que le mariage se ferait aux fêtes du Jour de l'An.

Vous comprenez qu'avec de pareils résultats, on n'avait jamais de difficultés à organiser ces réu­nions. On s'y rendait en foule, avec une grande gaieté de coeur et l'on s'y amusait sans contrainte.

La toilette n'était certes pas coûteuse à cette époque; la presque totalité des étoffes d'habille­ment se confectionnait à domicile, soit pour les hommes, soit pour les femmes.

Les cultivateurs portaient toujours des habits faits à la maison, de la main de la mère de famille, aidée par des couturières à qui on payait un salaire de trente sous par jour.

Les canadiens-français ont toujours aimé avoir un bon cheval et le tenir bien gras. Certes, nos pères avaient été heureux dans le choix qu'ils avaient fait de leur race de chevaux, qui encore de nos jours, jouissent d'une grande renommée pour leur force d'endurance et leur grande vigueur: aussi en avaient-ils grand soin.

On aimait avoir un cheval gras, avec le poil luisant; on ajoutait à l'apparence du cheval en le harnachant le plus richement possible.

On achetait un harnais, qu'on appelait à bos­settes, soit blanches ou jaunes. Ces bossettes étaient de petites plaques en cuivre de trois quarts

de pouce carré et une ligne d'épaisseur, et étaient repartis sur tout le harnais, à une distance de huit pouces les unes des autres. On payait ce harnais vingt-cinq ou trente piastres et même plus.

Il fallait être surpris par l'orage bien subitement pour que le harnais soit mouillé car on ne s'en servait ordinairement qu'à bonne enseigne.

Quant à la voiture d'été, l'homme riche ou le cultivateur à l'aise se payait le luxe d'une calèche ou d'un cabriolet. La calèche était une très bonne voiture, coûtant cinquante ou soixante piastres; elle était montée sur des crics en fer, reliés entre eux par des ressorts ou traits en cuir de vache marine, qui avaient une épaisseur de près d'un pouce.

On avait grand soin de ne pas trop serrer les crics afin de laisser un petit espace pour que le train de la voiture occasionnât un certain bruit, très flatteur pour l'occupant de la voiture, qui attirait par là les regards de ses concitoyens et ces derniers ne manquaient pas de faire des remar­ques à l'avantage de l'heureux propriétaire du beau cheval, du beau harnais et de la belle calèche.

Mais il n'était pas donné à tous les cultivateurs d'avoir un équipage comme celui que je viens de décrire; il n'y en avait que cinq ou six dans une paroisse qui pouvaient se payer un luxe pareil. Ce n'était ordinairement que les gros bonnets de la localité que l'on voyait passer avec ces pré­cieuses voitures.

La voiture ordinaire était la charrette, voiture à deux roues, avec ressorts en bois. Cette charrette

 

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n'avait qu'un siège; quand on voulait en augmen­ter le nombre, on mettait une ou deux chaises. N'allez pas croire, que nos pères avaient les outils que nous possédons aujourd'hui. Je me souviens fort bien de la première fourche à foin en acier que mon père ait achetée. C'était en mil 'huit cent quarante-quatre (1844). Les fourchons avaient huit pouces de longueur, et c'était très dangereux, disait-on, de se servir d'un tel instrument; il fallait toujours être sur le qui-vive. On ne se servait que de fourches en bois pour le fanage et le charroyage du foin et du grain. L'homme d'ordre avait toujours des fourches d'avance dans ses granges; il disait que le bon temps de couper les fourches était quand on les trouvait.

Tout le grain était battu au fléau et nettoyé au van. Un homme habitué battait cinquante gerbes de blé par jour, mais, pour arriver à ce résultat, il lui fallait commencer sa journée à six heures du matin et continuer à travailler jusqu'à six heures le soir.

Pour ne pas souffrir du froid aux pieds, on se chaussait de sabots que l'on apportait à la maison et pour les mettre en état propice, on les emplis­sait de cendres chaudes pour quelques instants. Pour battre le grain d'une petite récolte de trois à quatre cents minots, il fallait passer tout l'hiver dans la grange.

Tout le foin était coupé à la faux et râtelé avec un râteau à la main, fabriqué à la maison.

Les grains étaient tous coupés avec la faucille. C'était un des plus durs labeurs du cultivateur;

il fallait rester exposé toute la journée le dos aux ardeurs du soleil; un homme expert coupait quelques fois un arpent carré de blé, mais c'était très rare. Jamais on n'engrangeait un seul épi de grain sans qu'il fût mis en gerbe; on aurait cru tout gaspiller en faisant autrement.

On faisait avec la gratte les sillons pour semer les patates et le blé d'Inde, de même que les re­chaussements et les arrachages de patates. Tout se faisait à la maison et à force de bras; il n'y avait qu'un paresseux qui pût avoir l'idée de se servir d'une charrue pour faire les sillons, disait­-on.

On hersait avec des herses garnies de dents faites en bois d'érable; les dents de herses en fer avaient, disait-on le défaut de détruire l'herbe!

La manière de cultiver dont j e viens de vous donner un mot de description a subsisté jusqu'à il y a soixante-quinze et quelques années.

Ceux de soixante ans et plus peuvent se rappe­ler les moulins à battre à un ou deux chevaux. Pour donner plus de force, disait-on, à l'instru­ment, on attelait les chevaux sur le moulin, quel­que fois on les fouettait, pour donner de la trac­tion et par là augmenter la force.

Quant à la culture du foin, on s'est servi de la faux jusqu'à mil huit cent cinquante-six (1856), date de l'apparition de la faucheuse mécanique, dont l'usage ne s'est généralisé que vers mil huit cent soixante et cinq ou six (1866). On se servait bien depuis quelques années, d'un rateau à cheval, qu'on laissait traîner et que l'opérateur suivait de côté;

 

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c'était déjà quelque chose, mais loin, très loin du bel instrument que nous voyons de nos jours dans toutes les prairies, sans parler des nouvelles char­geuses.

Ce n'est que quelques années plus tard que la moissonneuse pour la récolte du grain fit son apparition, amenant avec elle toute une révolu­tion, pour ainsi dire, dans la culture; elle fut bien­tôt suivie de cette machine incomparable, la moissonneuse-lieuse qui, à elle seule, représente le travail ardu de vingt hommes.

Il n'y a pas que dans la culture qu'on constate un grand changement dans la manière d'opérer. Le travail qui incombait alors à la mère de fa­mille, à la femme de ménage, était onéreux, et nombreuses étaient ses occupations, la tenant à l'oeuvre depuis cinq heures le matin jusqu'à dix et onze heures le soir.

Toute la couture se faisait à la maison, ainsi que les tricotages des bas et des mitaines. On n'avait pas, dans le temps, ces superbes machines à coudre et ces beaux et bons moulins à tricoter, si répan­dus de nos jours dans toutes les campagnes.

Les premiers moulins à coudre firent leur appa­rition en mil huit cent quarante-neuf (1849). C'étaient de petits instruments qui s'adaptaient à une table, et que l'opératrice faisait mouvoir au moyen d'une manivelle. Ce fut tout un événement; on faisait des lieux pour voir cette nouvelle merveille. Que de jalousie l'heureuse possesseur d'un tel instru­ment ne faisait-elle pas naître; on enviait son sort, on la trouvait heureuse.

Le blanchissage du linge, chez les cultivateurs, était fait deux fois par année. On lavait la flanelle et les étoffes le printemps, et, l'automne venu, on lavait la toile, on faisait ce qu'on appelait la les­sive; ceux qui étaient près d'une rivière, d'un ruisseau, faisaient là cette opération. On se ser­vait d'un battoir, que l'on agitait en cadence et avec force; il ne faisait pas toujours bon pour les étrangers de se tenir trop près de la batteuse; il jaillissait assez d'eau pour les tenir à distance.

On n'avait pas la tordeuse si utile de nos jours; tout se faisait et s'exécutait à force de bras; en un mot, il n'y avait pas un seul instrument pour ménager les forces, pas plus celles de la femme que celles de l'homme. Il n'est pas surprenant que nos mères aient eu la réputation d'être très robustes et d'avoir pu, en maintes circonstances, montrer à vivre à des indiscrets du sexe barbu.

A l'époque dont nous parlons, on ne voyait pas la montre au gousset du premier venu; il n'y avait que le privilégié de la fortune qui se payait le luxe d'avoir en sa possession et sous la main cet utile instrument.

Il en était de même de la pendule, de l'horloge. Comme dit précédemment en parlant de la calè­che, il n'y avait que les gros bonnets qui possé­daient une horloge; les simples mortels se con­tentaient, pour se renseigner sur l'heure de la journée, de regarder à la marque que l'on faisait sur le seuil de la porte d'entrée de la maison, du côté sud.

Cette marque indiquait le midi. Pour les autres heures de la journée, on faisait des déductions qui donnaient l'heure plus ou moins juste lorsque le soleil se laissait voir; mais, lorsque cet astre du jour se reposait, ne se montrait pas, il fallait se résigner, attendre et faire des conjectures.

 

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Pour les heures de la nuit, le coq, cet animal si vigilant, se chargeait, pour ainsi dire, de ren­seigner son maître; encore, fallait-il que celui-ci eût l'oreille fine et attentive, pour distinguer et connaître si c'était le premier ou le deuxième chant, c'est-à-dire s'il était minuit ou deux heures du matin.

Pour se lever, on se dispensait de la pendule, de l'horloge ou de la montre; l'aurore venait aver­tir qu'il fallait se lever et on ne se le laissait pas dire deux fois. Il va s'en dire que l'avance de l'heure si utile de nos jours (heure avancée) n'avait alors jamais même été ni considéré ni même pensé du tout.

Feu M. l'abbé A. O. Papillon, ancien curé de Princeville, possédait une magnifique horloge manufacturée par Monsieur Bellerose, de Saint­-Hyacinthe, et dont la boîte avait été fabriquée par Charles Héon, fondateur de St-Louis de Blandford et menuisier-charpentier de son métier.

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Vous savez, n'est-ce pas, que l'allumette soufrée, la fameuse allumette chimique, est d'invention presque récente, et l'usage n'en est répandue dans notre pays que depuis moins de cent ans. Avant cette époque, il fallait que nos mères fûssent, comme les vestales romaines, gardiennes du feu sacré; il fallait, pour conserver le feu, l'enfouir dans la cendre, si l'on ne voulait pas être obligé d'aller en chercher chez le voisin où d'être forcé de battre le briquet pour s'en procurer.

Le briquet que l'on trouve de nos jours dans la poche de presque tous les fumeurs sous forme de petite boîte à allumage automatique, s'appelait alors communément "batte-feu" et était tout sim­plement un anneau aplati, fait en acier, il avait une largeur de trois pouces environ pour y intro­duire la main.

On frappait avec ce batte-feu sur un morceau de pierre à moulange ou une pierre à fusil, sur lequel on avait eu soin de mettre un morceau de tondre ou amadou (ce tondre ou amadou provenait de l'érable ou de la plaine) qui, au premier coup bien appliqué du briquet sur la pierre à feu, s'en­flammait, par l'étincelle qui ne manquait pas de jaillir, surtout quand le briquet était entre les mains d'un vieux fumeur ou de tout autre homme exercé.

Les Canadiens-français ont toujours aimé à fumer leur bon tabac canadien. On avait l'habi­tude, dans le temps dont nous parlons, de mettre son tabac, pour qu'il soit toujours souple, dans une boîte faite en acier ou en cuivre. Cette boite était très jolie, toujours luisante; on faisait graver son nom sur le dessus du couvercle.

On avait toujours soin d'avoir sur soi son cure­-pipe. Vous comprenez qu'avec un batte-feu, un cure-pipe, une pierre à fusil, une boîte à tabac, soit en acier ou en cuivre, un couteau à ressort dans sa poche de pantalon (qui toujours était très large), le pauvre porteur de tout ce bataclan était

 

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condamné à avoir des mouvements toujours cal­culés afin de ne pas s'exposer à éveiller toutes les gens du canton.

Le batte-feu ou briquet, avec son cortège de pierre à fusil et amadou, a été le seul moyen qu'avaient nos pères de se procurer du feu, jusqu'à mil huit cent trente-deux (1832). Il ne faut pas croire que l'usage de l'allumette se soit généralisé, dans tout le Bas-Canada, comme par un coup de foudre; les fumeurs faisaient encore usage du briquet en mil huit cent cinquante (1850) et même quelques années plus tard.

On s’en servait à la maison, pour allumer soit la pipe ou la chandelle, d'allumettes en bois de cèdre, que l'on mettait au-dessus du poêle, afin qu'elle fussent toujours à la portée de celui qui en avait besoin. Il y avait aussi l'allumette soufrée, mor­ceau de bois d'une longueur de dix pouces, dont l'un des bouts était imprégné de soufre, ce qui le rendait inflammable, mais qui ne pouvait s'en­flammer que par la friction; pour la mettre en feu, il fallait l'approcher de la flamme.

Vous comprenez qu'avec de tels moyens de faire du feu, il fallait toujours être sur le qui-vive et entretenir celui qu'on avait chez soi.

On ne paraît pas content, de nos jours, du luminaire que nous avons, fluorescents, lampes de 200 watts, lumières incandescentes, il faudrait la lumière du soleil pendant 24 heures par jour, mais que dirait-on si tout à coup on se voyait transporté cent ans en arrière, alors qu'on n'avait pour tout partage, en fait de système d'éclairage, que le lampion et la chandelle de suif.

Le lampion était un vase en ferblanc dans lequel on mettait de l'huile à brûler, où l'on étendait une mèche; cette mèche, en brûlant, donnait une bien faible lumière, mais, en revanche, donnait beau­coup de fumée, et très souvent, répandait une odeur désagréable.

Quand à l'éclairage avec la chandelle de suif de boeuf ou de mouton, avec son cortège de chande­lier, avec mouchettes, éteignoirs, c'était le lumi­naire de la presque totalité de la population; il y avait bien la chandelle de baleine, bien belle, bien blanche, bien luisante, mais qui coûtait cher et n'était en usage que parmi la classe riche.

Cette chandelle de suif était faite à la maison, et généralement on la fabriquait une fois par année, après que les boucheries était terminées.

On la faisait soit à l'eau ou avec des moules en plomb, en étain, ou en ferblanc. Il y avait aussi, dans les villes des manufacturiers de savon et de chandelle qui faisaient des affaires très considé­rables.

La lumière que donnait la chandelle n'était pas très forte, mais était saine, ne fatiguait pas la vue, quand on avait le soin de tenir la mèche en bon état, c'est-à-dire la moucher en temps opportun. Voilà pour l'éclairage de la maison.

Quand on avait besoin de se munir de lumière pour aller au-dehors, on se servait d'un fanal en ferblanc, criblé de trous, percés avec symétrie, pour laisser passer les rayons de lumière de la chandelle que l'on mettait dans ce fanal. N'allez pas croire, cependant, qu'il jaillissait de ce fameux fanal autant de clarté qu'il en jaillit d'une lumière électrique, mais, ne connaissant rien de mieux, on était encore très content de s'en servir.

Les mariages étaient ordinairement contractés le mardi, monsieur le curé ne voulant pas que ça fût le lundi, parce que ses paroissiens faisaient les préparatifs le dimanche. Or, il arrivait que l'on dansait encore le jeudi soir durant toute la nuit, et souvent, très souvent on retournait les crêpes le vendredi.

La noce avait son bon côté; elle servait à entre­tenir les relations de bonne amitiée entre les familles, mais aussi, elle était souvent cause d'orgies très regrettables, et aussi de dépenses très fortes, on dépensait dans une noce ce qui aurait suffi pour nourrir le jeune couple pendant une longue année, et même plus. Avoir à héberger, nourrir, et surtout à abreuver, on peut dire, près­qu'une multitude, durant trois ou quatre jours, n'était pas une chose qui pouvait passer inaper­çue et ne pas laisser de traces regrettables.

lI fallait voir la quantité de viande de toutes sortes, pâtés, tartes, ragoûts de toute espèce et à toutes sauces, galettes, biscuits, beignes qui tous étaient faits et préparés depuis déjà quelques jours. On n'aurait jamais pu amonceler en quel­ques heures ce qu'il fallait pour donner à manger à une foule pareille; d'ailleurs, la gloire et la re­nommée de l'amphytrion exigeait qu'il y eût à ce repas non seulement assez de nourriture pour les nombreux convives, mais il fallait de plus qu'il en restât: Pour en avoir assez, disait-on, il faut en avoir de reste.

Aussi, lorsque la noce était finie et que l'on n'avait pu épuiser, pour ainsi dire, le maître de la maison, il fallait le voir se rengorgeant, en acceptant les remerciements, les félicitations des convives qui retournaient chacun chez soi.

On en avait pour trois ou quatre jours à parler de la belle réception, des bons repas, de la bonne jamaique, qu'on avait servis, et on ajoutait: il y en avait encore gros, assez pour continuer la noce jusqu'au dimanche. On se reposait avec raison de la dure corvée que l'on venait d'accomplir.

 

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Ce n'était pas seulement à la noce qu'on se ren­contrait. On avait l'habitude de donner chacun son repas: on commençait ordinairement à Noël, et on finissait au mardi-gras.

~Tout  le temps  du carnaval,  ce n'était ni plus ni moins qu'une succession de soupers, d'un voisin à l'autre.

Lorsque l'un des invités, après s'être consulté avec sa femme, qui toujours l'accompagnait, avait décidé de donner son souper, son repas, à tel jour, il montait soit sur une table ou sur une chaise, et par un geste qui était connu, il demandait le silence, la cessation des chansons, et alors, d'une voix haute et ferme, s'il le pouvait, il annonçait qu'à tel jour, chez un tel, en se nommant, il y aurait un encan, où tout serait sacrifié; tout le monde était invité à assister. Il va sans dire que, séance tenante, l'offre était acceptée, et promesse était faite de la part des assistants de ne pas man­quer à l'invitation.

Comme dis plus haut, ces repas, ces soupers, se succédaient sans interruption depuis Noël jus­qu'aux jours gras.

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Jamais on ne donnait de foin aux bestiaux, on ne leur donnait que de la paille, et quelques fois de la balle aux animaux choyés. On comprend qu'avec cette maigre nourriture et la négligence que l'on apportait au soin du bétail, on ne pouvait pas compter sur un succès. On était loin, bien loin de voir à cette époque, les beaux animaux

enregistrés que nous voyons aujourd'hui dans toutes les campagnes, et qui font l'orgueil des cultivateurs.

On ne cultivait du foin que pour les chevaux, et encore la portion était-elle souvent réduite. Il est vrai que le travail du cheval n'était pas, dans ce temps-là, ce qu'il est aujourd'hui. On ne s'en servait pas pour faire fonctionner les machines agricoles; il n'y en avait pas; on voyageait rare­ment, et l'on ne se servait guère des chevaux que pour les labours et les hersages.

On ne ferrait même pas les chevaux; si toutefois on le faisait, ce n'était que pour la saison de l'hiver, et aussitôt le mois d'avril venu, on ôtait les fers, on les plaçait en lieu sûr, pour ne les reprendre qu'aux premières glaces, l'hiver sui­vant.

Jamais on ne faisait ferrer les chevaux pour l'été; on leur parait le sabot deux ou trois fois pendant la belle saison, afin qu'ils ne se brisâssent pas la corne; le cheval passait toute la saison d'été au pâturage.

Vous ne serez pas surpris que jamais un cheval n'était malade. On ne connaissait pas ce que c'était le souffle, l'écart, le ring-bone, la courbe, le serre­ment de corne, le pied plat et le crapaud, qui toutes sont des maladies, des infirmités dont le cheval canadien a hérité des croisements qu'on lui a fait subir. C'est si bien le cas, que même de nos jours, on ne voit que très rarement le cheval canadien de race pure être attaqué des maladies et des infirmités citées plus haut.

 

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Les canadiens-français ont toujours aimé le cheval. Ils en ont pris un soin tout particulier, et souvent on disait qu'un tel ou un tel pouvait se

            priver de nourriture pour la donner à son cheval favori.

 

A cette époque, on ne connaissait pas ce qu'était une course au trot ou l'amble; on avait quelques , fois des courses organisées par des officiers de  cavalerie, des courses à barrières et des courses au clocher, mais jamais de courses telles que nous les avons aujourd'hui.

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Les amusements de nos pères consistaient, dans les campagnes, à se réunir soit pour danser ou jouer aux cartes. On parlait chacun de ses proues­ses, de ses aventures de voyage, de batailles, on contait des histoires plus ou moins fantastiques de loup garou, de bête à grande queue, feu follet, mais surtout de chasse-galerie, de revenants, et que sais-je encore!

Mais aussi, que de nuits d'insomnie ne causaient pas ces veillées! On se couchait avec l'idée de ces histoires étranges dans la tête; souvent, après avoir pris un copieux réveillon de viande froide, on s'endormait en se mettant au lit, après s'être couvert la tête avec précaution de tous les draps du lit, tant on craignait de voir ces apparitions étranges. Aussi au premier sommeil les cauche­mars ne tardaient pas à se manifester; on se réveillait tout en nage, et on avait garde de se découvrir, tant on avait peur d'avoir peur. La nuit se passait enfin, mais, grand Dieu! qu'elle avait été longue!

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Les veillées se passaient aussi à conter des contes. Ces contes étaient des récits de voyages, la vie de quelqu'homme célèbre, aventures plus ou moins fantastiques. Plusieurs de ces conteurs de contes avaient une très grande facilité d'élocution et savaient  agencer leur récit d'une manière tout à fait régulière. Aussi passait-on de longues heures à écouter avec la plus grande attention; on aurait pu, paraît-il, entendre marcher une souris; le conteur tenait, ni plus ni moins, son auditoire suspendu à ses lèvres.

Ces conteurs de contes avaient une renommée répandue à cinq ou six lieux à la ronde; aussi, lorsqu'il était connu qu'ils étaient rendus à un certain endroit, s'empressait-on de s'y rendre en foule, et c'était un vrai régal.

Ces récits de contes, ces histoires de revenants, de feu-follet et de chasse-galerie, de loup-garou, etc., etc., ne sont pas de création canadienne; ils nous viennent des premiers habitants du pays, des premiers colons qui avaient apporté avec eux certaines idées superstitieuses, qui ne manquèrent pas de s'augmenter avec la situation toute parti­-

culière dans laquelle se trouvèrent nos pères, entourés comme ils étaient par des dangers réels et constants de la part des sauvages; on était tou­jours sur le qui vive, surtout la nuit.

Aussi, les parents ne savaient que faire pour empêcher les enfants et les jeunes gens de sortir le soir; alors on se servait de ce moyen des his­toires fantastiques pour les retenir au foyer.

On avait grand soin de dire que tous ces esprits n'avaient de force et pouvoir qu'après la nuit tombée.

(Qui ne se souvient pas du bonhomme 7 heures. On nous faisait peur avec cela même encore en 1967  Jules P.).

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On faisait des épluchettes de blé d'Inde. Ce n'était pas une petite affaire que ces épluchettes de blé d'Inde, qui réunissaient bien souvent un bien grand nombre d'amis et amies jeunes et vieux.

Trouvait-on un épi de blé d'Inde rouge, que ce n'était ni plus ni moins qu'un branle-bas général. La trouvaille de ce fameux blé d'Inde rouge donnait à son heureux possesseur certaines préro­gatives, entre autres celle de pouvoir embrasser la jeune fille de la maison, ou, si le propriétaire n'avait pas d'héritière il embrassait la jeune fille de son choix.

De combien de déclarations d'amour inattendues n'ont pas été responsables ces pauvres blés d'Inde rouges?

Le réveillon de l'épluchette était invariable­ment composé de blé d'Inde bouilli dans un chau­dron placé à la crémaillière de la cheminée. On ajoutait à ce mets savoureux de la citrouille que l'on faisait cuire toute ronde, dans le four chauffé à blanc.

Cette citrouille, ce blé d'Inde bouilli ou rôti, étaient très aimés des gourmets. On ne donnait que bien rarement de la boisson forte aux éplu­chettes de blé d'Inde.

On contait des contes, on finissait la veillée à jouer aux cartes, tandis que les jeunes nettoyaient la cuisine pour faire place pour la table du ré­veillon. Celle-ci était ensuite enlevée pour donner le champ libre à la danse qui toujours était ou­verte par l'heureux possesseur du blé d'Inde rouge. o-o-O-o-o

On jouait aussi aux cartes, au jeu de trente, de dix, de brisques, au gros major, à la crêpe, aux quatre sept; on ne jouait jamais au jeu d'argent; si toutefois on le faisait, ce n'était que pour de bien faibles sommes, ou pour des effets, du grain ou autre chose du genre.

On avait aussi pour s'amuser la pêche, pour ceux qui étaient près du fleuve ou des rivières, ainsi que la chasse aux animaux à fourrures, tels que castors, loutres, visons, martres, pekan, porc épie, (avec la queue duquel on faisait des instruments

 

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pour nettoyer les peignes), le rat musqué, le re­nard, l'ours; quant aux gibiers ailés, on avait l'outarde, l'oie, le canard, le pluvier, la perdrix, la tourte. Ah! la tourte, savez-vous, amis lecteurs, que la tourte fut, à une époque, une nuisance, tant le nombre en était grand. On dut avoir recours à des prières publiques, pour le diminuer: la quan­tité en était telle, qu'on les tuait avec des bâtons.

Des chasseurs qui en faisaient une spécialité, prenaient aux filets jusqu'à cent douzaines de tourtes et même plus en un seul jour. La chasse se faisait aussi à l'affût, avec des fusils.

Les tourtes vivantes prises au filet se vendaient pour douze sous la douzaine, ou pour la plume qui en provenait.

La quantité de tourtes était telle, que lorsqu'elles arrivaient, le firmament en était couvert, et cela pour une demi-heure. Les tourtes furent vues en assez grande quantité, jusqu'en mil huit cent soixante et huit (1868) , où le nombre diminua ostensi­blement pour deux ou trois ans, époque, où elles disparurent pour ne jamais se laisser voir depuis.

La tourte était pour ainsi dire une manne pour le pays; on la mangeait en soupe ou en ragoût. La viande de la tourte, très succulente, avait un goût tout particulier.

La tourte était un très bel oiseau, genre pigeon; on l'appelait pigeon sauvage et elle était plus petite que notre pigeon domestique. La viande de la tourte, quoique noire, était très bonne et très saine; elle servait pour faire les fameuses "tour­tières".

 

On ne se laissait jamais sans chanter quelque chanson ou complainte. Il y avait de ces complain­tes sur tous les sujets, mais celle qui primait et qui a toujours primé toutes les autres était celle du Juif-Errant.

Plusieurs de nos ancêtres avaient de magnifi­ques voix qu'ils ont léguées à leurs descendants. Nombre de ces chanteurs savaient de mémoire un nombre extraordinaire de chansons, pour toutes les circonstances, soit pour la table, soit pour le canotage ou encore des chants patriotiques.

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On aimait à s'entr'aider. Avait-on besoin de construire une bâtisse quelconque, on se portait en foule pour prêter le secours de son savoir faire; on était fier et content de pouvoir donner un coup de main.

Un ami subissait-il un accident, soit par le vent, soit par le feu, que, tout de suite on apportait du bois de charpente, du bois de sciage, du bardeau. On apportait ses outils et on travaillait à la re­construction de la bâtisse détruite avec tant d'ar­deur, que huit jours n'étaient pas écoulés, qu'elle était terminée plus vaste, plus belle qu'avant l'accident.

Pendant que les hommes s'occupaient à la re­construction si c'était une maison qui avait été détruite et que le mobilier avait souffert des dommages, alors les femmes de leur côté passaient dans les rangs de la paroisse, pour collecter soit du linge de maison, des hardes, des provisions, de l'argent, des meubles en telle quantité, que quinze jours après l'accident, on avait remis le pauvre ami en état de pouvoir continuer son train de vie ordinaire. C'était, il faut l'avouer, la meilleure assurance contre le feu et les accidents et dont tous les citoyens d'une même paroisse étaient membres actifs.

On s'aidait aussi, lorsque par accident ou par maladie un concitoyen faisait une perte, soit d'un cheval ou d'autre animal qui fût sa seule propriété.

On faisait une tournée dans la paroisse et on rapportait bien souvent bien plus que la valeur de l'objet perdu. Il était convenu d'avance que sur le montant collecté on prélevait une somme suffi­sante pour faire chanter une messe d'actions de grâce.

Il fallait voir le plaisir qu'éprouvaient en même temps les collecteurs et le receveur lorsque l'on remettait le produit de la tournée. Nos pères ont toujours été charitables, nous devons en être fiers et contents.

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Beaucoup d'entre vous ignorent plusieurs vieil­les coutumes qui furent en usage pendant de lon­gues années et qui depuis sont tombées en désué­tude. Plusieurs de ces coutumes portaient en elles un cachet de grandeur qui inspirait le respect et rehaussait l'éclat des cérémonies où elles étaient suivies.

A l'office divin, le dimanche matin, le prêtre officiant entrait précédé du bedeau portant son uniforme composé d'un habit long appelé cloque. Cet habit était en drap bleu, noir, avec collet large en drap rouge écarlate, avec nervures noires; le bedeau portait à la main un bâton de Jacob, comme signe d'autorité.

Le prêtre officiant suivait le bedeau et faisait l'aspersion de l'eau bénite en passant dans les allées de l'église; il retournait à l'autel faire les prières, terminer le chant de l'Asperges, avant de passer à la sacristie, revêtir les ornements sacer­dotaux pour revenir chanter la messe.

Le prêtre officiant présentait l'encens et l'eau bénite au seigneur de la paroisse et aux mar­guilliers de l'oeuvre.

Cette présentation d'eau bénite et d'encens se faisait au commencement de la grand'messe et lorsque l'on entonnait le Magnificat.

 

p.77

Une autre bonne vieille coutume disparue est celle de la présentation du pain bénit.

Le pain bénit était donné par chacun des citoyens d'une paroisse à tour de rôle.

Le paroissien qui devait donner le pain bénit en était prévenu par le dépôt que l'on faisait entre ses mains, à son banc à l'église, d'un morceau du pain bénit, que l'on distribuait le dimanche et qui avait été donné par son voisin. On appelait ce morceau de pain bénit, "chanteau", et aucun ne donnait le pain bénit s'il n'était prévenu par la mise en main du chanteau; c'était la manière officielle d'avertir, et on avait garde d'y manquer.

On accompagnait le pain bénit d'une offrande de douze sous.

A part le pain bénit de rigueur, on donnait aussi des pains bénits dits de dévotion aux fêtes patro­nales de la paroisse, de monsieur le Seigneur, de monsieur le Colonel ou le Capitaine de milice, au jour de l'An, au jour des Rois, à la fête de Saint­-Pierre, à la Fête-Dieu; plusieurs de ces pains bénits étaient très gros et coûtaient très cher.

A l'occasion de ces grandes fêtes, il se faisait toujours des quêtes dans l'église pour des buts particuliers par des premiers citoyens accompa­gnés de leurs épouses; ces messieurs et ces dames allaient à l'offrande du pain bénit avant de com­mencer leur quête.

Les pains bénits de dévotion étaient quelquefois très hauts, à plusieurs étages, garnis de morceaux appelés, cousins et étoiles; on distribuait un cousin à chacun des bancs, ainsi que des étoiles; on tran­chait par morceau le pain que l'on distribuait au peuple.

La croix ou la couronne du pain bénit était toujours destinée à monsieur le curé.

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N'allez pas croire que nos églises ont toujours été munies d'appareils de chauffage tels que nous les voyons de nos jours, fournaises à l'eau chaude, à la vapeur, à air chaud, poêles, etc.

Jusqu'à mil huit cent trente (1830), il n'existait pas un seul de ces systèmes de chauffage dans les églises; aussi, il fallait entendre le bruit que faisaient les assistants, avec leurs pieds, en les frappant sur le plancher pour se réchauffer.

Le prêtre officiant avait à la portée de sa main, sur l'autel, un réchaud, afin de ne pas s'exposer à se geler les doigts en touchant les vases sacrés.

Le chant dans nos églises, a toujours été encou­ragé et tenu en haute estime par notre vénéré clergé. Le maître chantre et son assistant chan­taient au Lutrin.    

Pour chanter au Lutrin, les chantres revêtaient la chappe. Cette chappe était très longue, très ample et très souvent bien riche, avec décorations en drap d'or.

A toutes les intonnations, les deux chantres se levaient.

Pour entonner les versets aux vêpres, on allait devant le prêtre officiant.

Les psaumes et les hymnes étaient entonnés au Lutrin.

Les stalles des chantres en titre étaient plus élevées que les sièges des chantres ordinaires et des enfants de choeur.

Il n'était jamais permis d'entrer dans le sanc­tuaire sans avoir revêtu son surplis et son jupon, et le bedeau ne devait jamais accompagner le prêtre dans l'église sans avoir son uniforme, sa cloque.

(Suite à la page 89)

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Extrait des Archives de la municipalité du village de Princeville

   Erection du Conseil Municipal (31 octobre 1856) Première session du conseil, 20 janvier 1857.

   A la première session du Conseil Municipal du village de Princeville, dûment convoquée par avis spécial donné à tous les membres du dit conseil par Adolphe Stein, Ecuier, Préfet du Comté d'Ar­thabaska, tenue en le dit village de Princeville, mardi le vingtième jour de janvier, en l'année de Notre-Seigneur, mil huit cent cinquante-sept, con­formément aux dispositions de l'Acte des Muni­cipalités & Chemins du Bas-Canada de 1855 à la­quelle assemblée sont présents:

MM. Louis Richard, Ulric Poisson ( M.D.), Raphaël Richard, Eugène Brunelle, Norbert Derouin, Pierre Richard & Charles Prince, membres du dit conseil.

 

P.87

 

Sec.-Trésoriers du Canton de Stanfold depuis 1848

MM. F.-X. PRATTE, N.P.                         1848-1872

Louis LAVERGNE, N.P.                    1872-1906

B. FEENEY, N.P.                              1906-1939

Emery LEBLANC                              1939­-

 

 

Sec.-Trésoriers de Princeville

 MM. F.-Xavier PRATTE, N.P.     1857­

 

J.-H.-L. ST-GERMAIN, M.D.       1858-1872

     Ls-Joseph GRAVEL, M.D.             1872-1879

Louis LAVERGNE, N.P.          1879­

Luc BEAUCHESNE                  1880-1885

Alphonse BORDELEAU,          1885-1915

Léon SAMSON                                      1915­

J.-F. PARE, N.P.                       1916-1918

Oscar POISSON                       1918-1924

Alphonse ALLARD                   1924-1926

Arthur BOUCHER                    1926-1929

Alphonse BORDELEAU           1929-1930

J. Arthur MORISSETTE           1930-1933

Arthur BOUCHER                    1933-1947

Alcide KIROUAC                     1947 (fév. à juillet)

André CLOUTIER                    1947 (juillet à date)

 

P.89

Le Mendiant (Suite de la page 77)

On dit, on répète à satiété, que nous vivons dans une époque de progrès. Mais, combien d'états, dirons-nous de professions, n'ont pas, de nos jours, le prestige qu'ils avaient autrefois. Il est vrai que l'on pourrait dire les titulaires n'ont pas su se maintenir à la hauteur de la position qu'occupaient leurs devanciers. Parlons ici des mendiants, des quêteurs d'autrefois...

Le mendiant d'autrefois (le mendiant recom­mandable, bien entendu, car il y a des gâte­ métiers dans les meilleures positions) avait tou­jours une bonne apparence, était toujours muni d'une besace bien blanche, d'une canne toujours bien tournée, bien ferrée, savait s'annoncer par une réclame appropriée à la circonstance dans laquelle il se trouvait, était toujours poli, lorsqu'il n'était pas rudoyé.

Ces mendiants adoptaient une certaine partie du pays pour champ d'opération, et passaient à des époques fixes. On les attendait avec hâte et ils étaient une poste vivante, se chargeant de transmettre les nouvelles. Que d'heureux n'ont pas faits les quêteurs? Que d'unions, de mariages entre veufs et veuves n'ont-ils pas facilités?

D'une discrétion à toute épreuve, quand ils sa­vaient en tirer du profit, on les chargeait de la délicate mission d'approcher une Madame que l'on désirait épouser, et, par de savantes et très habiles insinuations, le mendiant qui avait de l'expérience en la matière obtenait, sans toutefois paraître y toucher, soit un acquiescement ou un refus, à la proposition qu'il avait si savamment soumise.

Il fallait voir avec quelle hâte on l'attendait; on ne savait que faire pour lui être agréable. Hélas! les temps sont bien changés; le mendiant est peut-être celui de tous les industriels d'autre­fois qui a le plus souffert par la mise en opération de toutes les grandes découvertes, du télégraphe, de l'électricité, de la vapeur, et surtout par lee développement de l'instruction dans le pays.

Il n'est pas étonnant que l'on se servit du men­diant comme commissionnaire, et pour bien des raisons; il connaissait tous les gens et les lieux; l'instruction n'était pas du tout répandue, bien peu de personnes savaient lire et écrire, les lettres étaient très rares, il n'y avait que peu ou point de correspondance, et alors on se servait des moyens que l'on avait sous 1a main.

En donnant un mot de regret à la disparition des mendiants d'autrefois, avouons, en toute franchise que le changement opéré a été pour le mieux.

 

La Potasse

Les forêts des Bois-Francs, comme leur nom l'indique, étaient toutes boisées d'arbres de la plus belle venue et de la meilleure qualité pour faire ces produits de première nécessité dans l'indus­trie du verre et autres, la potasse, la perlasse, qui sont, elles, les produits de la cendre.

On peut dire avec raison que ce sont ces deux industries crées par des personnes entreprenantes, qui ont fait coloniser les Cantons de l'Est. Sans elles, que seraient devenus ces pauvres défri­cheurs, venus pour la plupart sans le sou, avec de nombreuses familles?

Le défricheur, le bûcheron, commençait à abat­tre son bois, le coupait, en longueur de huit ou dix pieds, et, l'entassant, il le faisait brûler. Ra­massant alors la cendre, il la faisait bouillir et réduire, afin de lui donner de la consistance, que l'on appelait sel ou salt de potasse.

Ce salt ou sel se vendait quatre piastres le cent livres et trouvait facilement des acheteurs à ce prix.

 

 

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Un homme habitué à bûcher faisait cent livres de salt dans six jours de travail; à ce compte, il lui fallait faire son salt, c'est-à-dire faire bouillir sa cendre pendant la nuit et bûcher pendant le jour; mais souvent, très souvent, la femme venait remplacer son mari, durant la nuit, afin de lui donner une chance de prendre un instant de repos, qui certes était bien mérité.

Pour transporter ce salt à la potasserie, si on n'avait pas de cheval ou boeuf, pour en faire le charroyage, que faisait-on? On faisait, avec de l'écorce d'épinette blanche, une boîte appelée cassot, que l'on cousait avec de la racine d'épi­nette, et que l'on mettait très étanche; on emplis­sait cette boîte ou cassot de salt, et, le chargeant sur le dos, on le portait soit à la potasserie ou au magasin, pour l'échanger contre des marchandises que l'on ne manquait jamais de faire payer le plein prix.

Il fallait prendre un soin tout particulier pour coudre l'écorce de cette boîte; il arrivait quelque­fois que le salt fût un peu liquide, et si le cassot n'était pas suffisamment joint, la lessive découlait, et, atteignant la peau, causait des brûlures telles qu'en aurait fait le feu.

L'auteur cite avoir vu un pauvre colon qui avait dans le dos, une de ces brûlures, ayant laissé une cicatrice aussi grande que la main, et il n'était pas le seul qui fut blessé de cette manière, et tout blessé qu'il était, le pauvre martyr était obligé de continuer son pénible travail. Il n'était pas rare voir les chevaux ou les boeufs ayant des blessures de même nature.

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Un moulin à farine fut construit à Stanfold, sur les bords de la rivière Nicolet, par monsieur Gi­rouard, vers mil huit cent trente-huit (1838), à l'endroit où existait autrefois le moulin appartenant à MM. Nadeau et Boisclair.

 

Mort de Messire Charles Edouard Bélanger, Missionnaire

(ici l’histoire du décès de l’abbé Bélanger a été remanié et déformé.)

Ce missionnaire desservait Somerset, Stanfold et St-Louis de Blandford. Les paroissiens désirant l'établissement d'une maison d'école, une assem­blée fut convoquée pour être tenue te lundi, le 24 novembre 1845, et l'avis de convocation était signé par le président, M. l'abbé Bélanger lui-même.

Donc, le Révérend Messire Bélanger laissait Somerset après les vêpres, dimanche, le 23 novembre, en compagnie de Monsieur Olivier Cormier, notaire, qu'il amenait avec lui pour accepter la donation faite par M. Jacques Dion; il était aussi accompagné d'un nommé Ambroise Pépin, et aussi d'un autre citoyen du nom de Pro­vencher; on avait six lieues à ,parcourir.

On arrive sans entraves â Stanfold, où l'on fait une halte de quelques minutes.

La température, comme on le sait, au 23 novembre, n'est jamais très claire; ce jour-là,

 

P.93  (ici l’histoire du décès de l’abbé Bélanger a été remanié et déformé.)

  

elle était encore assombrie par une neige épaisse qui tombait depuis déjà quelques instants.

Il était cinq heures du soir; il ferait nuit avant que dix minutes ne se soient écoulées, nuit d'au­tomne, noire comme dans un four, avant que l'on eût le temps de faire un mille de chemin.

Les citoyens de Stanfold, témoins de ce départ, font des instances pour empêcher de mettre à exécution ce projet, que l'on traite de téméraire. Vaines suppliques, rien ne fait impression; il fallait de toute nécessité, disait-on, se rendre le soir même à la rivière Bécancour; il resterait encore assez de chemin à parcourir le lendemain, pour se rendre à l'assemblée, qui se tenait à dix heures, et d'ailleurs, si l'on avait trop de diffi­cultés, on coucherait chez Grondin, qui habitait un petit chantier à la Rivière Blanche, distance de quatre milles. On allait prendre un fanal, avec un bout de chandelle, on avait des allumettes. Quel danger pouvait-on craindre?

Le Révérend M. Bélanger part donc, accompa­gné de MM. Olivier Cormier et Ambroise Pépin; leur compagnon, se laissant convaincre par les sages conseils des citoyens de Stanfold, se décide à rester, en disant à ses amis qu'il serait aussi avancé qu'eux le lendemain matin, vu qu'il ferait clair, qu'il ferait la route plus vite et avec moins de fatigues, et surtout sans danger de perdre le sentier.

Hélas! que n'écoutèrent-ils pas les sages avis qu'on leur donnait?

On avait à peine fait quelques arpents, que la nuit venait, assombrie par la neige épaisse et mouillée qui tombait à plein ciel, et que celui qui portait le fanal faisait une chute, éteignant la lumière, que l'on essaya en vain de rallumer; les allumettes ne prenaient pas feu; toutes étaient trempées!

On ne voyait pas à trois pieds au-devant de soi, on perdait le sentier, que l'on ne pouvait recon­naître que par le toucher avec le pied, la place du passage des voyageurs étant plus unie ou plus délayée que de chaque côté; on se sépara afin de retrouver le chemin, on était écarté. On s'inquiète, on s'épuise par des marches et des contre-marches inutiles. Vains efforts, on est à bout de force, la température est refroidie, on ne peut faire de feu, on n'a plus d'allumettes. On s'assied au pied d'un arbre où l'on s'endort, hélas ! pour ne se réveiller que dans l'éternité.

Le compagnon que nos infortunés voyageurs ont laissé au village de Stanfold, fidèle à sa promesse de la veille, partait au petit jour, pour se rendre à son tour au but du voyage. Il n'avait pas fait un mille et demi, qu'il trébuchait presque sur un cadavre; c'était Ambroise Pépin.

Se doutant que son infortuné compagnon de la veille n'était pas la seule victime, il reprenait la route du village de Stanfold et annonçait la triste nouvelle.

En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, l'alarme était donnée, et on organisait un corps de sauvetage, avec brancards et remèdes, au cas où les infortunés voyageurs n'auraient été que para­lysés par le froid de la nuit. Des voitures étaient expédiées à Somerset et Arthabaska pour en ra­mener le prêtre et le médecin.

La population, comme on peut le croire, se portait en foule au lieu présumé de la catastro­phe, et la première victime que l'on trouvait était Pépin, mort depuis déjà quelques heures. En avançant quelques arpents on trouvait le pauvre prêtre assis au pied d'un arbre, la tête appuyée sur la main droite, dans l'attitude du sommeil. Hélas ! le Révérend Messire Bélanger n'était plus qu'un cadavre déjà froid, mort martyr de son zèle. En avançant encore une petite distance, on trouvait enfin le notaire Cormier, au pied d'un arbre; on le croyait, lui aussi mort victime de leur impru­dence, mais non, après avoir ingurgité quelque potion qu'on lui fait prendre, il donne signe de vie

 

P.95  (ici il y a une histoire supplémentaire au décès de l’abbé Bélanger.)

 

mais ne reprend connaissance que plusieurs minutes après. Ce ne fut que trois mois après avoir souffert d'horribles souffrances, physiques et morales, que monsieur le notaire Cormier put se remettre entièrement de cet accident.

N'essayons pas de dépeindre la douleur qui se manifesta à l'arrivée du triste cortège au village de Stanfold. Ce n'était ni plus ni moins qu'un deuil public; les pauvres victimes étaient des pre­miers citoyens bien connus et très estimés. On s'empressait auprès des dépouilles mortelles; c'était à qui aurait donné asile aux restes de ceux qui la veille était pleins de force et de santé.

Les dépouilles mortelles du Révérend M. Bé­langer furent transportées à Somerset, et dépo­sées, ainsi que celles de son compagnon Pépin, dans le cimetière de la paroisse, en présence d'un grand concours de population, venu des colonies voisines.

Il fallait à la colonisation un baptême de sang, une aussi  grande catastrophe pour faire ouvrir les yeux du gouvernement sur le manque de voies de communication dans les Cantons de l'Est.

Aussi, la leçon fut bonne, quoique cruelle; on n'attendit pas plus longtemps pour s'exécuter; on vota tout de suite une somme d'argent pour ouvrir et terminée, dès l'année mil huit cent quarante­ six (1846), la belle route de Stanfold, qui est encore de nos jours un des plus beaux chemins publics de la province.

Le centenaire de la mort de Messire Bélanger fut dignement honoré par l'érection d'un magnifi­que monument dont nous publions la photogra­phie. Erigé grâce à la collaboration de la Société St-Jean-Baptiste de Plessisville, et des paroisses de Princeville et de St-Louis de Blandford, il est sis à peu de distance de l'endroit exact ou mourut

l'abbé Bélanger. Ce dernier endroit est lui aussi signalé par un monument de moindre importance. L'érection de ces monuments fut un projet pa­triotique et honorable s'il en fût jamais. Il est à l'honneur des citoyens des paroisses mentionnées de ne pas avoir laissé tomber dans l'oubli des événements si tragiques, en même temps que si mémorables.

 

 

 

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Comité d'Honneur du Centenaire

Patron

Son Excellence Monseigneur Albini LAFORTUNE, Evêque de Nicolet Membres d'honneur

 

I-Monseigneur J. Sévérin POIRIER, curé de Princeville.

II-Monsieur Gédéon PLANTE, maire de Stanfold.

III-Monsieur B. FEENEY, N.P., maire de Princeville.

IV-Monsieur Armand CLOUTIER, député du comté d'Arthabaska à la   Chambre des Communes.

  V-Monsieur Wilfrid LABBE, député du comté d'Arthabaska à l'Assemblée Législative et Préfet du Comté.

 

PRINCEVILLE EN 1948

Située dans le comté d'Arthabaska, au centre même de cette partie des Cantons de l'Est appelée les "Bois-Francs", Princeville fut durant les temps de colonisation de cette partie de la province, le point stratégique d'où rayonnait le commerce de la perlasse, cette industrie importante de nos ancêtres.

Longtemps, Princeville fut essentiellement une paroisse agricole. Ses terres sont fertiles et bien cultivées. Cependant, en ces dernières vingt-cinq années, et en raison directe des facilités d'obten­tion de matières brutes, matériaux et main­ d'oeuvre, plusieurs industries y ont vu le jour et s'y développent graduellement. Elles assurent à leurs ouvriers et ouvrières, du travail régulier et assez rémunérateur pour leur permettre un con­fort et un bien-être au-dessus de la moyenne géné­rale, donc très appréciable.

C'est à Princeville que la Coopérative Fédérée de Québec possède la plus importante de ses suc­cursales, employant plus de 150 personnes dans l'abattage des animaux sur pieds, la préparation des viandes, jambons, bacon, saucissons, et autres,

pour vente au pays et pour l'exportation. Cet établissement fait la richesse de tout le district et est le débouché naturel des cultivateurs pour tous leurs produits. Durant plus de vingt-cinq ans sous la direction de M. J.-Emile Bélanger, elle est maintenant sous celle de M. Georges-A. Beauchesne, qui lui a succédé il y a quelques années.

Etablie en 1911 par MM Nadeau & Boisclair, l'ancienne manufacture de Chaises de Stanfold est depuis 1938, la propriété de "Princeville Furniture Limited", et on y fabrique des meubles en contre-­plaqué d'excellente qualité. Le président et gérant­général en est M. Lionel Baril, lequel a su s'en­tourer d'un personnel expérimenté et en a fait un réel succès.

Faisant un commerce de bois franc très consi­dérable, préparé ou brut, la Manufacture de Bois à Plancher est le développement de moulins à scie antérieurs. Etablie par feu M. Wilfrid Lacoursière, elle est demeurée la propriété des membres de sa famille. Ses produits sont connus et distribués par tout le pays ainsi qu'à l'étranger.

 

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La maison "Léon Alarie Limitée" est spécialisée dans la fabrication du meuble genre "Colonial" vendus principalement aux gros magasins dépar­tementaux.

En raison de l'incendie qui, en mai dernier, réduisait en cendres les ateliers de Princeville Woodcraft Limitée, cette firme a nécessairement suspendu ses activités. Cependant les travaux de reconstruction sont présentement en marche.

 

Pour l'emploi de la main-d'oeuvre féminine, Princeville a l'avantage d'avoir une tricoterie moderne et très bien aménagée. "Princeville Ho­siery Mills Ltd" emploie actuellement tout le personnel féminin disponible dans la localité et les environs, et le programme d'expansion ne fait que commencer.

 

Parmi les autres industries ou services locaux, mentionnons, la Manufacture de Portes et Châssis de M. Donat Desharnais, l'Atelier de préparation du bois de M. Bernard Baril (il avait un moulin à scie sur la rue St-Jean-Baptiste, à l’endroit ou Hughette Baril avait son restaurant), l'Atelier de nettoyage et pressage de M. Robert Leblanc (sur la rue St-Jacques en face de la maison de Maurice Talbot), La Beurrerie moderne de la Coopérative Agricole (ou Henri Provencher avait sa formagerie), de même que son Elévateur à Grains, le Moulin à Bardeau et Meunerie de M. Edmond Girouard, MM. Adélard Jacques, Maurice Talbot et Alfred Fréchette se

spécialisent dans le commerce de bois de pulpe et de chauffage. N'oublions pas la Manufacture de Boîtes qui fabrique chaque semaine une couple de chars de boîtes à liqueurs et autres.

L'on verra aussi sous peu l'établissement d'une couple de nouvelles industries. C'est donc dire que les prochaines années verront une activité en rapport avec le travail déjà existant et les travaux en projets. D'ailleurs il y a dans notre village des facilités d'expansion, de logement, de construction et de main d'oeuvre qualifiée, que l'on trouverait difficilement ailleurs ou en d'autres endroits sur­peuplés.

La population de Princeville a su conserver les saines traditions d'honnêteté, de labeur et de reli­gion de ses pères. Il n'y a pas même de "prison", laquelle serait inutile. L'atmosphère ambiante en est une où il fait bon demeurer. L'on y trouve à la fois confort utile et repos agréable.

 

 

Nous donnons ci-après des renseignements et statistiques tel qu'apparaissant pour notre localité dans l'Annuaire de la Chambre de Commerce des Jeunes, pour l'année 1947.

 

 

 

 

 

 

Renseignements et statistiques

 Superficie du village             1 mille carré

Comté Arthabaska

Population du village

1921                                            800

1931                                            900

1941                                          1,200

1944                                          1,500

1947                                          2,810

Paroisse en 1947                          895

Grand total                        3005

 

Raccordements routiers

Nos 5 et 39

 

Chemin de fer

Canadien National Railways

 

Reliant les centres suivants

   Montréal, Sherbrooke et Québec ,

 

Trains de passagers par jour

Semaine: 6 Dimanche: 2

Fret et messagerie par jour

Semaine: 4 Dimanche: 2

 

Télégraphe

C. N. R.

 

Camionnage

Carignan Transp.: Montréal-Québec

 

Rivières       2

 

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Propriétaire de l'aqueduc

  La Municipalité

Source d'approvisionnement d'eau

  Rivière

Analyse de l'eau

  Excellente

Capacité quotidienne

  250,000 gallons

Consommation quotidienne

  75,000 gallons

Tarifs de consommation Domestiques:

  $1.00 par mois

Longueur des canalisations d'eau

  8 pces et 6 pouces

Dimensions:

  4,000 pieds

Egoûts

         En construction

Pompiers Volontaires:

  Oui

Nombre de bornes-fontaines          20

Service d'électricité municipalisé          Non

 

Longueur des rues

Pavées: 2 milles        

Gravelées:                  ½ mille

Longueur des trottoirs

En ciment: 20,000 pieds

Zones de stationnement temporaire           Oui

Nombre de logements                                450

Logements disponibes                            Aucun

Propriétaires                                           300

Locataires                                                150

Prix mensuels des logements

De $15 à $40

 

Facilités éducationnelles                                 Elèves

Soeurs Assomption                                      105

Commission Scolaire: Soeurs                       130

                                 Frères                     160

Eglises

  St-Eusèbe

 

Banques

  Banque Canadienne Nationale

  Caisse Populaire de Princeville

 

Hôtelleries

  Manoir Princeville                          25 chambres

  Hôtel Des Erables                          15 chambres

 

Associations et Clubs

  Chevaliers de Colomb        

  Cercle Lacordaire

  Ch. de Com. des Jeunes

  Fanfare

  Frontiersmen

 

Professionnels

Agronomes 3

Notaire 1

Architecte 1

Médecins 2

Dentiste 1

Opticien 1

Technicien 1

Pharmacien 1

Ingénieur 1

Vétérinaires 2

 

Facilités récréatives

Clubs de tennis              2                             

Patinoires                     2

Club de baseball 1         

Quilles                          1

Clubs de hockey           2                               

Cinéma                        1

Automobilles

De promenade:      200       Camions:     25

Appareils de radio                          400

Téléphones                                     300

Compteurs électriques                  400

Taux des salaires

Ouvriers: $0.80 l'heure

Journaliers: $0.50 l'heure

Collets blancs: $35 par semaine

 

PRINCIPALES INDUSTRIES,

Coopérative Fédérée: Abattoirs      150 employés

Princeville Furniture Limited         135    "

Mfg Bois à Planchers                     75      "

Princeville Hosiery Mills Ltd.         55      "

Léon Alarie Limitée                       30      "

General Wooden Box Limited         25      "

Princeville Woodcraft Ltd.              25      "

 

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PAGEANT HISTORIQUE

"Le Jeu des Pionniers"

 

Le "JEU DES PIONNIERS", représenté à l'oc­casion du Centenaire de Princeville les 6, 7, 8 août 1948, veut traduire, en images, sous les yeux des spectateurs le courage, la ténacité, l'esprit de conquête des pionniers de 1832 et de leurs fils de 1860 et de 1948.

Il couvre trois périodes:  lère partie 1832 à 1840,

2ème partie: 1840 à 1915,

3ème partie 1915 à 1948.

Sur la scène, des groupes miment ces diffé­rents épisodes, tandis qu'au bas du plateau à gauche un choeur dit le texte et chante.

PRÉLUDE.

Au cours du prologue, on aperçoit les machi­nistes qui mettent la main aux décors, se plaignent de la fatigue et du grand effort qu'ils ont dû fournir depuis quelques temps. Qu'est-ce que ça donne de fêter les pionniers se demandent-ils?

Passe Ti-Jeune, le principal personnage du jeu. Il explique que les pionniers peuvent encore au­jourd'hui nous donner l'exemple du courage, de la tenacité, du goût du travail bien fait, et dire le secret de leur esprit d'entr'aide, de leur amour les uns pour les autres. Ti-jeune explique ensuite quel personnage il remplit au cours du jeu. Il symbolise le pionnier-type, le courageux et le conquérant. Il présente aussi Ti-Vieux, personnage qui symbolise l'arriéré, le peureux, le paresseux, le soupçonneux auquel répugne le progrès.

 

PREIMIERE PARTIE "1832 à 1840"

1-LA VIE HEUREUSE A SAINT-GREGOIRE:

Veillée canadienne endiablée, en l'honneur de 6 jeunes qui partent le lendemain  

de St-Gré­goire pour s'établir dans les BOIS-FRANCS. Ce sont les pionniers de

Princeville.

2-LE REVE DANS LES BOIS:

Après une grosse journée de travail dans la forêt, les 6 pionniers, autour du feu, se prépa­rent à dormir. Ti-Jeune s'ennuie. Il rêve. Il revoit la veillée à St-Grégoire, les adieux du départ à sa mère et à sa blonde.

a-"LA SAVANE".        Il revoit encore la savane, qu'il a fallu traverser liés les uns les autres, au milieu de grandes difficultés. La savane apparaît sous la forme d'un personnage hideux qui décrit à l'avance les misères que les pion­niers éprouveront à cause d'elle.

b-LA MORT TRAGIQUE DE L'ABBE BE­LANGER ET DE PHILOMENE LAFRANCE. La savane parle, elle décrit la mort de l'abbé Charles-Edouard Bélanger, d'Ambroise Pépin, de Philomène Lafrance et du colon Vézina, ses victimes. Elle dissuade Ti-Jeune de rester dans ce pays perdu.

c-LA MISERE DU DEFRICHEMENT: Ti-Jeune se voit, en compagnie de ses cama­rades harassés par le dur travail du bûcheron.

d-LES AFFRES DE LA FAIM:

La faim entre à son tour en scène. Elle est représentée par une douzaine de vieilles chi­pies en lambeaux qui exécutent le ballet de la faim. Elles enserrent et étouffent chacun des compagnons de Ti-Jeune.

e -LES VOIX DU PAYS:

Et Ti-Jeune, ahuri par son rêve, entend des voix: celles de ses parents, de sa fiancée qui lui répètent : "Si c'est trop dur, reviens-t'en, ne meurs pas là!"

3-LE MISSIONNAIRE:

Le jour paraît. Ti-Jeune raconte son rêve aux compagnons et leur anonce: "Je m'en retour­ne, ça n'a pas de bon sens". Comme il vient pour partir avec un autre pionnier, le mis­sionnaire Clovis Gagnon, célèbre et infatigable marcheur, vient saluer les colons. II raconte ses courses dans les BOIS-FRANCS; il est surpris d'apprendre que Ti-Jeune veut retour­ner à Saint-Grégoire. Il parle avec éloquence du riche pays neuf à bâtir, des paroisses qui vont se créer. Il se moquent des assis qui se reposent sur leurs lauriers. Ils parlent des pionniers, de la vocation des colons, collabo­rateurs de la Providence. Il incite Ti-Jeune à tenir bon, à préparer un foyer pour sa future. Il prend la hache et en chantant aide les pionniers à poursuivre le travail.

4-L'ARRIVEE DE LA PREMIERE FAMILLE: La petite colonie va-t-elle tenir bon? Un an plus tard, Edouard Leclerc amène dans les BOIS-FRANCS sa femme et son petit enfant. Dans la modeste cabane, ce soir-là, les jeunes époux s'avouent leur amour indéfectible en endormant leur petit. La foule chante "Fais dodos, Colas, mon petit frère".

 

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5-LA MOISSON:

L'effort des pionniers trouve sa récompense. La terre des BOIS-FRANCS pousse dru du blé riche. Cent enfants qui représentent les blés, se bercent dans le vent. Le choeur chante. Les pionniers surviennent et coupent les blés à la faucille.

6-HOMMAGE AUX PIONNIERS:

On rend hommage aux premiers colons de St-Eusèbe de Stanfold (Princeville) : Edouard Leclerc, François Pellerin, Narcisse Béliveau, Pierre Poirier, Alphée Hébert, Noël Bourque et Zéphirin Coulombe, Pierre Landry Ber­case (fondateur de St-Norbert), Alexis Tur­cotte, les 4 frères Richard et plusieurs autres. On salue le vaillant fondateur de St-Louis, Charles Héon, celui d'Arthabaska, Charles Beauchesne, celui de St-Calixte, Jean-Baptiste Lafond.

DEUXIE-ME PARTIE "1840 à 1915" 1-CONQUETE SUR L'ETRANGER:

 

a)      LES PROPRIETAIRES ANGLAIS:

D'autres obstacles pourtant se dressent devant les pionniers. Le gouverneur Craig, plusieurs années auparavant, a concédé à des amis d'Angleterre, ou à des miliciens anglais ayant servi au Canada, des bandes de terre dans les "townships de l'Est". Les pionniers, ignorants du fait, sont obligés de payer à ces proprié­taires qui s'intéressent tout à coup à des terres dont ils n'espéraient rien, de dures redevances.

b) LES SAUVAGES RAVISSEURS:

Pendant quinze années, la population est sous la crainte des incursions des sauvages qui veulent exercer des représailles sous prétexte que les colons ont chassé sur leur territoire. Les sauvages ravissent une fillette de cinq ans, Philomène Desharnais, et à 7 années d'intervalle, le jeune garçon (3 ans) d'Antoine Grenier. On organise des battues: on ne re­trouve jamais le jeune Grenier. Philomène Desharnais, arrachée aux mains des sauvages, doit se cacher dans un couvent de Québec.

2-CONQUETE SUR L'ISOLEMENT:

Pressurés, isolés, que vont devenir les colons? Le choeur s'en inquiète. Mais Ti-Jeune expli­que quels hommes et quelles femmes sont les pionniers de Princeville. Ils n'ont pas de che­min. Ils s'en tracent. Ils n'ont pas de mar­chands et les produits de première nécessité à proximité. Ils fabriquent tout de leurs mains.

 

 

 

a) PAR LA TENACITE ET LA DEBROUIL­LARDISE:

1-Le premier moulin à farine. Joseph Gi­rouard, premier marchand.

Les pionniers marchent 25 milles dans les bois pour aller échanger cent livres de potasse (résidu des cendres de leurs abattis) contre cent livres de farine au premier moulin cons­truit à St-Eusèbe, celui de Joseph Girouard qui fut ainsi le premier marchand de Prince­ville.

 

2-Le travail de nos mères:

Nos mères cardent la laine, foulent l'étoffe avec l'aide de leurs hommes, tissent au métier des vêtements chauds. Ballet sur un chant de folklore. A la rivière, elles lavent le linge au battoir, tout en se racontant les dernières nou­velles. Dans la joie du soleil couchant, elles retournent chez elles, le panier à linge sur la tête.

b) PAR L'ESPRIT D'ENTR'AIDE:

Le "bis", coopérative du temps. Les pionniers, dans le plus bel esprit de charité, se prêtaient mutuellement leurs services pour la construc­tion de leurs habitations. On les aperçoit en train de construire la première chapelle. Grâce à cette entr'aide, les rangs grossissent petit à petit. Ballet. La paroisse se fonde et a pour patron le grand Saint EUSEBE.

3-L'ESPRIT DE PROGRES:

a) La première diligence: Les pionniers de chez-nous sont plus progressifs peut-être qu'ailleurs. La première diligence, entre Prin­ceville et Trois-Rivières, lancée en 1853 par Monsieur Pierre Richard, mit fin à l'isolement des pionniers.

b) LE CHEMIN DE FER:

Mais le train allait faire tourner bien davan­tage la roue du progrès. Dès 1854, la ligne de chemin de fer Richmond-Lévis met les pion­niers aux portes de Montréal et de Québec. Sur la scène on assiste à la construction du rail, aux protestations de "Ti-Vieux" qui craint que le train ne "fasse tarir les vaches", à l'arrivée du train, à l'entrée en gare des parents des vieilles paroisses et des premiers artisans.

c) LES PREMIERS ARTISANS:

Les premiers artisans, forgerons, tanneurs, marchands, dont la venue a été facilité par la construction du chemin de fer exercent leur métier au bénéfice des premiers habitants.

 

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d) LES PREMIERES INDUSTRIES:

La roue du progrès tourne au rythme du che­min de fer. Les marchands, les manufactu­riers de chaussures, de bois, de meubles, ac­centuent la marche de Princeville vers le pro­grès industriel. Sur la scène, les interprètes, en des gestes synthétiques, décrivent ces in­dustries.

e) LES PREMIERES INSTITUTIONS D'ENSEIGNEMENTS:

Elles consacrent l'essor de la ville. On rappelle le souvenir de l'éphémère collège de Prince­ville. On rend hommage aux Révérendes Soeurs de l'Assomption qui dirigent le Cou­vent.

f) LES VILLES SE FONDENT:

Aux alentours, d'autres paroisses naissent et se développent, par exemple, Victoriaville, et Princeville n'est pas étranger à cet essor. Cette deuxième partie se termine par la des­cription des métiers, des industries, des insti­tutions et des villes en progrès, sorte d'im­mense fresque, de cadran imagé du labeur. Puis, un cortège de jeunes filles portent en triomphe au centre,-arrière du plateau, la statue de Saint Eusèbe. Le choeur lui impro­vise une prière: "EUSEBE, tu as protégé nos pères, apprends-nous, en plein même siècle, leur esprit d'initiative et d'amour. Comme autrefois, la savane, la faim, l'étranger, d'au­tres obstacles se dressent devant nous! Ap­prends-nous à les surmonter avec autant de confiance et de gaillarde patience que nos pères. Fais-nous avancer encore plus loin que nos pionniers."

INTERMISSION.

. . . TROISIEME PARTIE      "1915 à 1948"

 Les machinistes qui grognaient au début du jeu commencent à y prendre intérêt: les pion­niers avaient quelque chose à nous apprendre sans doute. Les machinistes aperçoivent Ti­Jeune habillé à la 1948: "Ti-Jeune, tu vas te rendre compte que les temps sont changés!" Ti-Jeune n'en veut rien croire; sans doute les jeunes d'aujourd'hui, ont conservé l'habitude virile, la gaieté nette des pionniers!

1-L'ETRANGER:

LES CHANSONNETTES:

LE JAZZ AU RESTAURANT:

Ti-Jeune se rend vite compte que les jeunes d'aujourd'hui résistent moins à l'étranger que les jeunes pionniers de 1832. Ils reçoivent tout

de l'étranger: musique, chansons, cinéma, etc. et se contentent de n'importe quoi. Ils se trainent les pieds devant les restaurants, ta­quinent les demoiselles qui passent. Sur le plateau, scène du restaurant, bout de "boogie­woogie", engueulade, etc...

"Pouah! fait Ti-Jeune devant cette scène.

2.-L'ISOLEMENT:

LA CHICANE AU CONSEIL:

La chicane entre en scène et annonce qu'elle se rend au Conseil. Séance du Conseil où il est question d'aqueduc, de partis, etc., Ti­Vieux anime les discussions.     Ballet.

Pouah! répète Ti-Jeune devant cette autre scène.

3--CONQUETE SUR L'ISOLEMENT:

Mais heureusement Ti-Jeune rencontre d'au­tres descendants des pionniers: ceux qui ont bâti les grandes industries de Princeville.

a) LES INDUSTRIES EN MARCHE:

On rappelle la fondation des industries les plus importantes: bois, meubles, tricot. Ballet de la grande roue de l'industrie, qui marche quand tous se donnent la main.

b) LES COOPERATIVES:

    TRAVAIL D'EQUIPE:

Les nombreuses coopératives de Princeville font son honneur et sa richesse coopératives de production (l'abattoir qui fournit le lard au monde entier, la beurrerie et la meunerie), d'épargne (Caisse populaire), de consomma­tion (L'Idéale). Ballet de la Coopérative. Sans l'entr'aide, rien ne peut prospérer.

c) LES EQUIPES ET REUNIONS D'ETUDE: Pour s'entr'aider, il faut s'aimer. Pour s'aimer, il faut se connaître. Pour se connaître, il faut s'apprendre. Les jeunes qui reviennent du couvent, de l'école ménagère réunissent les amies, discutent avec elles, partageant ce qu'elles ont appris, depuis les recettes de cui­sine jusqu'à la façon de comprendre et de participer à la messe. Les jeunes, de retour de l'école d'agriculture, de métiers nouveaux, s'échangent des revues techniques, des livres, des disques. Les hommes d'âge mûr, grâce à l'U.C.C. ou à d'autres associations, apprennent eux aussi les uns par les autres, agrandissent le champ de leurs connaissances.

 

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4-CONQUETE SUR L'ETRANGER: LES JEUNES DE PRINCEVILLE CREERONT LEURS PROPRES LOISIRS:

Les jeunes de Princeville qui ont l'esprit des pionniers ne veulent plus se contenter de subir l'influence de l'étranger. Comme les pionniers qui créaient leurs propres chansons et leurs propres danses à mesure que le coeur le leur disait, qui fabriquaient eux-mêmes leurs meubles et les menus objets qui agré­mentent un "home", ils veulent à leur tour, bannissant le jazz, les danses et les chanson­nettes importées, retourner à l'esprit gaillard de leurs pères, s'amuser de façon saine, com­me des gens dégourdis.

Sur la scène, le ballet des loisirs.

a) Une série de tableaux représentant diver­ses formes de loisirs adaptés aux jeunes de Princeville défilent à la suite l'un de l'autre; ce sont: les sports, les excursions dans les montagnes, les travaux d'artisanat, la biblio­thèque circulante, les soirées d'initiation mu­sicale, les contes, les légendes et les jeux de société.

b) Une soirée à Princeville, chants, danses, mimes. On fête les BOIS-FRANCS à l'occa­sion du Centenaire.

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Le "JEU DES PIONNIERS" a été établi par Roger Varin, avec la collaboration de Guy Mes­sier.

Direction:        Roger Varin.

Chorégraphie: Ninon Pednault, Fernand Nault. Musique: Choix établi par l'équipe des

                        metteurs en scène.

Décors et costumes: André Jasmin.

Elairage: l'équipe du Congrès marial d'Ottawa. Comité du "Jeu des Pionniers".

 

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En 1815

L'arpenteur Bouchette, dans son ouvrage "Des­cription topographique de la Province du Bas-­Canada", nous donne les renseignements suivants sur le township de Stanfold.

"Le township de Stanfold, dans le comté de Buckinghamshire, a été érigé le 9 juillet 1807. Il est situé sur la rive sud-est de la rivière Bécan­cour, qui le borne en front, il joint, Arthabaska au fond, Somerset au nord-est et Bulstrode au sud­-ouest."

"Comme sa situation est très basse et qu'il est entièrement marécageux, une petite portion du terrain est propre à la culture. Il est traversé par quelques rivières entre autres la rivière Nicolet, et de petits courants qui tombent dans la rivière Bécancour. La moitié de ce township a été accor­dée, par Sir J. H. Craig, gouverneur du Canada, de 1807 à 1811, à l'Honorable Jenkin Williams, qui en est le propriétaire actuel (1815). On n'a pas encore entrepris de le défricher. Stanfold a une étendue de 65,765 acres en superficie."

(Note) Si le sieur Bouchette revoyait mainte­nant le même township, son rapport serait sans doute différent.

 

 

Les lecteurs du programme-souvenir

sont priés de remarquer la générosité que nous ont prouvé les corps publics, les associations et les maisons de com­merce de Princeville et de l'extérieur.

Nous remercions donc sincèrement tous nos annon­ceurs pour leur accueil chaleureux, et prions nos lecteurs de les encourager à l'occasion. Ils ont collaboré largement au succès de la belle fête que sera la célébration du Cente­naire de Saint-Eusèbe de Stanfold.

A TOUS UN CORDIAL MERCI

LE CQMITÉ EXÉCUTIF

DU CENTENAIRE DE PRINCEVILLE

 

 



Mise à jour le 21 sept. 2016